270 millions d'euros d'aides directes vers les éleveurs de porcs
Entre les perturbations des marchés, synonymes de hausse des charges, et des prix agricoles qui restent bas, les conséquences les plus dramatiques de la crise Covid s'abattent aujourd'hui sur les agriculteurs et plus particulièrement les éleveurs de porcs. Lundi, le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 270 M€ pour soutenir la trésorerie des élevages porcins.

"Cette annonce est à la mesure de la situation : l’élevage de porcs s’enfonce dans une crise conjoncturelle profonde qui trouve sa source dans la déstabilisation des marchés du fait de la crise Covid. Et ces aides directes sont une première étape qui permettra d’apporter une bouffée d’air aux éleveurs de porcs français dans la guerre qui se joue actuellement entre bassins de production", annonce dans un communiqué la FRSEA et JA Bretagne.
En fin de semaine dernière, alors que les actions se multipliaient en Bretagne, Thierry Coué, président de la FRSEA et Jean-Alain Divanac'h, président de la FDSEA 29, lors d'une conférence de presse à Rennes, alertaient déjà sur "la violence de la crise encore jamais connue et un avenir dans les mois qui viennent qui est suspendu aux trésoreries".
À l’occasion d’une réunion avec l’ensemble de la filière, le Ministre de l’Agriculture a donc annoncé le déblocage d’une enveloppe de 270 millions d’euros, destinée à soutenir les trésoreries des éleveurs de porcs.
Une enveloppe de 75 M€ d'aides à la trésorerie fera l'objet de premiers versements d'ici "deux à trois semaines". Son montant maximal sera de 15 000 euros par exploitation "avec transparence pour les Gaec", a précisé le ministre. Pourront y prétendre les élevages dont la ligne de trésorerie à court terme est "utilisée au moins à 80 %" et qui ont "engagé une démarche de PGE" (prêts garantis par l'État, NDLR) qu'elle ait aboutie ou non". Un deuxième volet de 175 M€ d'aides à la trésorerie en lien avec la crise sanitaire sera versé courant avril, début mai, après notification à Bruxelles. D'ici le 15 février, le ministère et la filière en définiront les critères d'accès, avec l'objectif que ce dispositif serve aussi à "mettre de la pression dans le tube face à ceux qui ne jouent pas le jeu de la loi Egalim 2", d'après Julien Denormandie. Troisième volet : 20 M€ d'exonérations de charges MSA.
Une combinaison mortifère entre la hausse des charges et la baisse des prix.
Pas une fin en soi
Pour la FRSEA, depuis 2019, un élevage de porcs moyen de 200 truies "subit une combinaison mortifère entre la hausse des charges et la baisse des prix". Le syndicat estime qu'un élevage moyen doit donc être capable de supporter 15 000 € de perte mensuelle.
Toutefois ces aides "ne sont pas une fin en soi et doivent très rapidement être complétées par une concrétisation rapide et efficiente de la loi Egalim 2 par les acteurs de l’aval, en faveur d’une revalorisation du prix payé aux éleveurs en tenant compte d’indicateurs de coûts de production et d’indicateurs de marché".
C'était d'ailleurs le sens des propos tenus quelques jours plus tôt par Thierry Coué et Jean-Alain Divanac'h dans l'objectif d'assurer l'avenir des différentes productions, au delà du porc : "Il ne serait pas admissible que l'inversement de la construction du prix ne soit pas respecté et que la distribution ne tienne pas compte des charges réelles des producteurs et des entreprises".
Le syndicat appelle aussi les distributeurs à mettre en avant l'origine France, mais aussi une revalorisation des coûts matières en restauration collective pour éviter que collectivités et restaurants aient recoours à l'importation.
Enfin, "nous demandons l'arrêt des surtranspositions franco-françaises et la mise en place des clauses miroirs pour éviter l'importation massive de produits ne respectant pas les standards européens", réclament la FRSEA et les JA Bretagne.