Aujourd'hui, la compétitivité des filières agricoles et agroalimentaires est mise à mal. Cela pèse très fortement sur les trésoreries de nos exploitations et sur le moral des troupes. S'il m'est insupportable de sentir le désarroi du monde paysan, il me tient d'autant plus à cœur de partager certaines valeurs communes qui font notre force. Celles de la ruralité, que nous partageons avec nos amis chasseurs et forestiers, sont l’essence même de cet édito commun.
Le bien-vivre ensemble est un capital immatériel qu’il nous faut protéger, consolider et renforcer. Nous, représentants des agriculteurs, des forestiers et des chasseurs, nous nous engageons à faire perdurer notre complémentarité pour la réussite de la ruralité. Cette synergie est vertueuse pour exprimer le plein potentiel de nos métiers en faveur des enjeux de durabilité pour aujourd’hui et pour demain.
L’agriculture et la forêt sont des sources de solutions indispensables dans la lutte contre le changement climatique. Nos systèmes de polyculture élevage ont des atouts pour maintenir, voire améliorer, les stocks de carbone dans les sols grâce à la présence de prairies, d'un maillage bocager, ainsi qu'à la disponibilité de fertilisants organiques. Les forêts séquestrent et stockent du carbone, allant même jusqu’à la production d’un matériau biosourcé plébiscité dans le cadre d’une économie décarbonnée.
Si l’agriculture et la forêt sont des leviers majeurs dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, elles ne peuvent se maintenir et s’entretenir sans les chasseurs. L’exercice de la chasse, avant d’être un loisir, est une mission de service public qui poursuit un objectif délégué par l’Etat : le maintien de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique. Cela passe notamment par la protection des espèces, des habitats et de la biodiversité. Le Finistère est précurseur en la matière : il est le seul département français où une coopération chasseurs - forestiers basée sur l’anticipation des plantations permet d’ajuster l’effort de prélèvement au plus près des besoins du terrain.
Cette démarche permet de préserver les réservoirs de biodiversité que sont la forêt et les haies bocagères. Mais ce n’est pas la biodiversité dite remarquable. Dans nos forêts et dans nos territoires agricoles, nous abritons une biodiversité ordinaire, celle des écosystèmes de proximité. A nos yeux, elle est tout aussi importante, même si elle n’est ni connue, ni enseignée. Avoir réussi à faire revenir le lièvre dans le Finistère, grâce à un plan de chasse dédié pour lui permettre d’avoir un habitat propice, est une fierté pour nous !
Agriculteurs, forestiers, chasseurs : nous sommes aujourd’hui confrontés à de nombreux défis et nous n’avons jamais été autant attendus sur les enjeux de société que sont le réchauffement climatique, la biodiversité, le bien vivre ensemble, et tant d’autres. Par la synergie de nos métiers et la complémentarité de nos actions, nous contribuons depuis longtemps à la gestion durable de nos territoires : nous ne sommes pas prêts de nous arrêter, vous pouvez compter sur nous.