Amiante : un million de tonnes dans les bâtiments d’élevage
Un million de tonnes d’amiante serait présent dans les élevages en Bretagne, perché à plus de 90 % dans les plaques ondulées. Les bâtiments avicoles ne représentent que le tiers du gisement. La méthode d’évaluation a été présentée mardi dernier, lors de la journée avicole, à Pontivy.

Derrière l’arbre que sont les friches et les bâtiments avicoles d’avant 1997, se cache la forêt des bâtiments de l’élevage breton. Combien ? Un million de tonnes d’amiante(1) se cacherait dans ce parc de bâtiments d’élevage, se répartissant entre les filières avicole (31 %), porcine (23 %) et bovine (46 %) en Bretagne. Tel est le résultat du travail d’évaluation théorique du gisement présent, demandé par le ministère de l’agriculture à l’APCA(2) et sur lequel la chambre d’agriculture de Bretagne a planché pour chacune de ses filières d’élevage.
C’est un vrai problème, les éleveurs n’ont pas la capacité de financer les procédures de désamiantage.
Une méthode
"C’est un vrai problème, les éleveurs n’ont pas la capacité de financer les procédures de désamiantage. Ça va de 50 à 100 euros du m² en volaille. C’est plus que le prix de revente en occasion d’un bâtiment correct", cadre Christian Nicolas du service avicole, chargé de mener ce travail d’évaluation pour le gisement du parc avicole. Un vrai casse tête, y compris pour trouver "une méthode reproductible ailleurs en France". Et c’est tout l’intérêt de ce sujet sensible, souvent tabou. Car faute de ressources précises, il a fallu mettre au point une méthode à partir de données fiables. Christian Nicolas, du service avicole s’y est collé, s’appuyant sur les différentes sources statistiques d’effectifs de la Draaf pour évaluer le parc en activité en 1997, année de l’interdiction de l’amiante. Il a passé au crible le parc en volaille de chair, pondeuses en cage, productions plein air et au sol : "j’avais mes mètres carrés pour les trois catégories". Encore fallait-il reconstituer les modèles de bâtiments alors présents en Bretagne à l’époque. "Le standard de surface était de 1 200 m² au sol répartis en trois types de bâtiments : statique, Louisiane et à ventilation dynamique, soit 1 520 m² déployés". Soit en 1997, "11 millions m² pour le total de bâtiments en production avicole et bâtiments annexes".

Des surfaces à la masse
À partir de ces surfaces de matériaux déployées, de coefficient d’amiante et de masse volumique, ce sont 308 000 tonnes d’amiante présentes en 1997 dans les bâtiments avicoles. "On les retrouve à 90 % dans les plaques ondulées qui constituent les toitures en aviculture". Un pourcentage qui monte à "97 % en porc et 100 % en bovin-lait, et c’est plutôt une bonne nouvelle car ce type de matériaux peut-être déposé plus facilement. Si on remplace une plaque de fibro par un translucide, on a peu de risque de mettre des fibres d'amiante en suspension", pointe Charlotte Quénard chargée de mission déchets au service environnement de la chambre d'agriculture.
Reste que depuis vingt-quatre ans, le parc en activité s’est réduit de moitié en volaille de chair "dont 75 % sont antérieurs à 1997 ; il y a deux fois moins d’amiante dans les bâtiments en activité. Mais combien sont en friche !" note Christian Nicolas. Des travaux sur des territoires tests bretons, en collaboration avec des EPCI3, vont être menés pour préciser l’état des lieux pour l’ensemble des filières d’élevage, afin de quantifier, le gisement réel et les moyens à mettre en œuvre pour le traiter. "C’est un vrai problème. Les éleveurs seuls n’en ont pas les moyens", insiste-t-il.
(1) Ce matériau très utilisé pour ses multiples propriétés s’est révélé hautement toxique. Il a été interdit sur le territoire national depuis 1997 mais reste très présent dans les bâtiments et équipements.
(2) Assemblée permanente des chambres d'agriculture. (3) Établissement public de coopération intercommunale.