Castration des porcelets : éleveurs et abatteurs cherchent toujours un accord
Quelques semaines avant l’interdiction de la castration à vif, éleveurs et abatteurs négocient la prise en charge du surcoût lié à l’anesthésie. Leurs fédérations respectives affichent des positions encore très éloignées : +13 ct/kg pour la FNP, +2 ct/kg pour Culture Viande.

Dans le match qui se joue sur la fin de la castration des porcelets, éleveurs et abatteurs affichent encore des positions très éloignées à trois semaines du coup de sifflet final. Au 1er janvier 2022, la castration à vif des porcelets sera interdite. Les éleveurs souhaitant poursuivre cette opération devront assurer l’anesthé- sie et l’analgésie des animaux. Avec à la clé un surcoût qui fait l’objet de négociations. Culture Viande a ainsi proposé le 8 décembre, que les abattoirs versent "une plus-value de 2 ct/kg pour la prise en charge du coût de la castration des porcelets mâles sous anesthésie". La fédération de l’abattage-découpe estime que sa proposition permettra de verser "plus de 15 millions d’euros" aux éleveurs, "conformément aux engagements pris lors de la réunion de la filière porcine le 19 octobre dernier en présence du ministre de l’Agriculture".
3 centimes de surcoût pour un saucisson.
Surcoût de l’anesthésie ou différence de coût de production ?
Le montant de la plus-value proposée est "supérieur à l’évaluation du coût de cette opération réalisée par l’Ifip (Institut du porc)", affirme Culture Viande. Mais il reste largement inférieur à la demande de la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA), qui chiffre le surcoût à... 13 ct/kg. Un niveau correspondant à "0,03 € pour un saucisson de 250 g [labellisé] Le Porc français", relativise l’association spécialisée dans sa lettre mensuelle Franc de porc du 4 décembre.
Dans son chiffrage, la FNP prend en compte la différence globale de coût de production, qui va au-delà du seul surcoût lié à la prise en charge de la douleur. D’un poids moyen de 95 kg, un porc non castré (mâle entier) coûte environ une dizaine d’euros de moins à produire qu’un porc castré. La majeure partie de cette différence s’explique par les meilleures performances des mâles entiers (meilleure valorisation de l’aliment, viande moins grasse, rotation plus rapide dans les bâtiments). S’y ajoute le coût de l’opération d’anesthésie-analgésie, entre un et deux euros par animal.
Un manque de trésorerie actuel
La mauvaise conjoncture ne facilite pas les discussions : le marché européen est encombré, alors que l’Allemagne est interdite d’exportation vers la Chine pour cause de peste porcine africaine (PPA). "En cette période de crise pour les éleveurs, l’aval de notre filière (abatteurs, transformateurs, distributeurs) doit prendre ses responsabilités et envoyer un signal clair aux éleveurs", exhorte le président de la FNP François Valy, cité dans la lettre mensuelle du syndicat. Entre la flambée de l’alimentation animale et un faible prix du porc, "la perte actuelle (ou le manque de trésorerie) est [...] évaluée à 0,25 €/kg, soit près de 23 € par porc", estime la FNP, qui cite le Cerfrance Bretagne. Avec un prix de base à 1,247 €/kg (cotation MPB du 9 décembre), le prix moyen payé aux éleveurs atteint 1,419 €/kg. Le coût de revient, lui, "est estimé à 1,65 € au quatrième trimestre 2021", relève la FNP.
Pas d’accord sur les mâles entiers
Par ailleurs, au 1er janvier 2022, seuls pourront continuer à castrer les éleveurs disposant d’un contrat répondant aux critères d’Egalim 2 et mentionnant une "exigence de qualité" justifiant cette opération. Plus grasse, la viande des porcs castrés reste nécessaire notamment pour la fabrication de charcuterie sèche. Bigard avait par ailleurs indiqué qu’il refuserait tout porc mâle entier pour des raisons de qualité de la viande. "Il s’agit maintenant pour l’aval de la filière de s’engager à rémunérer cette "exigence de qualité" par le paiement du surcoût de production inscrit dans les futurs contrats que les OP négocient", martèle François Valy.
Quant aux porcs mâles entiers, Culture Viande propose qu’ils restent soumis à une pénalité de 23 ct/kg, comme c’est déjà le cas dans la "grille actuelle de qualité". Une position là aussi éloignée de celle de l’amont (CRP de Bretagne), qui revendique que le mâle entier devienne la nouvelle référence.