Céréales bio : pourquoi ne pas produire pour l’alimentation humaine ?
En partenariat avec Morlaix communauté, le GAB - groupement des agriculteurs bio du Finistère - a organisé une journée, le 20 octobre dernier, pour inciter les agriculteurs bio à produire des céréales pour l’alimentation humaine. La demande est présente, les prix au rendez-vous. Et quelques hectares peuvent aisément trouver leur place sur bon nombre de fermes d’élevage.

Avec ses 2 500 à 3 000 ha de céréales bio, dont les deux tiers destinés à l’alimentation animale, le Finistère fait pâle figure au regard de ses voisins du Morbihan ou des Côtes d’Armor. "Le département a maintenant dépassé les 1 000 fermes bio, relate Yann Evenat. Mais seules 80 d’entre elles sont spécialisées en grandes cultures".
Et c’est notamment pour convaincre les éleveurs de franchir le pas des céréales à destination de l’alimentation humaine que le GAB, le groupement des agriculteurs bio du Finistère, a organisé une journée d’information, le 20 octobre dernier, au lycée de Suscinio, à Morlaix. "En bio, l’azote, c’est le nerf de la guerre", rappelle le technicien grandes cultures au GAB. Si un blé conventionnel en recevra plus de 200 unités à l’hectare, la fumure n’atteint que 80 unités en moyenne en bio. "Les élevages disposent de matière organique. Et implanter une céréale après prairie limitera le salissement".
Une forte demande
Les prix sont au rendez-vous, de l’ordre de 450-470 €/t pour un blé meunier, 900 €/t pour le colza ou le sarrasin. Les agriculteurs bio cultivent aussi du seigle, de l’épeautre mais également des oléagineux et protéagineux pour l’alimentation humaine. "Et Jonas Le Gall, paysan-meunier à Ergué Gabéric, est venu parler de sa première récolte de quinoa". Une diversification désormais possible en Finistère. "Il y a aussi une forte demande pour de l’orge brassicole produite localement, comme l’a expliqué l’association De la terre à la bière, qui souhaite monter une filière brassicole 100 % bio 100 % bretonne". Une orge de printemps valorisée aux alentours de 420 €/t.
70 % du blé bio nécessaire à l’alimentation humaine en Bretagne est acheté pour le moment hors de la région.
De l’amont à l’aval
"Pour le moment, 70 % du blé bio nécessaire à l’alimentation humaine en Bretagne est acheté hors de la région", indique Colette Quatrevaux, conseillère à la chambre d’agriculture. Et c’est pour essayer d’inverser la tendance qu’une poignée de producteurs, mais aussi de meuniers et boulangers ont lancé le GIEE "relocalisation d’une filière de blé bio panifiable". Essais variétaux en partenariat avec les semenciers, rendement en protéines, itinéraire technique du semis à la récolte…, les sujets à creuser sont nombreux. Et après une première année "émergence", le GIEE espère transformer l’essai et obtenir un financement sur trois ans pour poursuivre ses travaux. "Nous voudrions structurer la filière, de l’amont à l’aval. Et déjà, 62 agriculteurs sont prêts à s’engager".
Un séchoir à plaquettes de bois
Des initiatives ont déjà vu le jour, comme les Greniers bio d’Armorique, qui regroupent une quarantaine de producteurs bio fournissant, notamment Cereco, à Domagné (35), qui propose des céréales pour le petit déjeuner. Mais la filière demande encore à être structurée. Et les producteurs sont incités à investir au-delà de la récolte. "Des aides au financement existent", indique Yann Evenat. Et après une matinée en salle, durant laquelle Philippe Canévet, boulanger à Saint Thégonnec a présenté son outil de tri et de stockage, les participants se sont rendus dans l’après-midi chez Guy Kergoat, à Pleyber-Christ. Producteur de viande bovine et de dindes, en conversion vers l’agriculture biologique, l’éleveur va transformer l’un de ses poulaillers pour stocker des céréales. "Une chaudière à plaquettes me permettait de chauffer mes poulaillers. Elle me servira désormais à sécher du foin mais aussi des céréales en prestation de services, à plat ou en caisson".