Chronopature enregistre le temps passé à l'herbe
La société rennaise SGPI, filiale d'Adventiel, a créé une solution pour l'enregistrement automatique du temps de pâturage. Objectif : apporter de la transparence sur les pratiques agricoles dans le cadre de labels du type "lait de pâturage". Et aider les agriculteurs à optimiser leur ressource herbagère.

Lauréate d'un 1er prix au concours Agreen Proto lors du dernier Tech Elevage, récompensée aussi aux Inel d'Or au Space 2021, la solution Chronopâture a été mise en avant lors du West Data Festival, ce mercredi en Mayenne. L'idée ? Équiper des vaches de colliers GPS pour assurer auprès des laiteries et donc des consommateurs une parfaite traçabilité du pâturage, tout en dispensant l'agriculteur de la tâche chronophage de l'enregistrement. Exit le carnet de pâturage manuel.
Saisie automatisée du carnet de pâturage
Avec Chronopature, les temps de pâture sont calculés automatiquement et un carnet de pâturage numérique se remplit tout seul. "Nous constations des besoins des laiteries, qui sont confrontées à une segmentation de plus en plus forte du lait. Nous avions aussi le retour d'agriculteurs qui se demandaient comment améliorer la saisie des temps de pâturage", explique Xavier L'Hostis, responsable Innovation chez Adventiel.
Pour mettre au point Chronopature, la société SGPI a répondu à un appel à projet expérimentation de la Région Bretagne et s'est rapprochée de différents partenaires du monde agricole, notamment les agriculteurs, via le Ceta 35, la coopérative Agrial, les chambres d'agriculture de Normandie, la fromagerie Milleret dans l'Est de la France, des associations de label (Bleu Blanc cœur, Lait de pâturage, des AOC Beurre et Camembert...). Elle est soutenue par la Région Bretagne, dans le cadre du programme Agretic (Le numérique pour l'agriculture et l'agro-alimentaire). La société SGPI s'est appuyée sur les compétences de partenaires techniques pour la partie capteurs : il s'agissait de concevoir un capteur rigide suffisamment robuste pour tenir sur deux saisons de pâturage. Chronopature a donc été expérimenté durant l'année 2020 dans 13 exploitations françaises et la commercialisation a été lancée, officiellement, en juin 2021. "Le lancement a pris du retard en raison de la crise de disponibilité des semi-conducteurs. Nous avons démarré après le début de la saison de pâturage 2021", indique Xavier L'Hostis.

L'utilisation doit débuter pour la prochaine saison de pâturage 2022, à partir de mi-février.
Équiper les deux vaches meneuses du troupeau
Chronopature est donc encore phase de début de commercialisation. "L'objectif est de débuter l'utilisation pour la prochaine saison de pâturage 2022, à partir de mi-février". Les laiteries adhérentes achèteront des lots de colliers pour les premières exploitations participantes (tous ne le seront pas dès le démarrage). Laiterie et agriculteurs auront accès à une interface web et mobile.
Pour les colliers, deux cas de figure se présentent : lorsque l'exploitation n'est pas en robot de traite, l'éleveur pourra équiper simplement 2 vaches, les principales meneuses, de colliers traceurs. Cela suffit à suivre l'activité du troupeau. Lorsque l'exploitation est en robot, il sera nécessaire, selon les estimations faites par l'Institut de l'élevage, d'équiper 30 % du troupeau en colliers, puisque dans ce cas les animaux se déplacent de manière plus hétérogène.
Le coût est de 400 euros pour l'achat d'un lot de 2 colliers et l'accès à l'interface numérique, auquel il convient d'ajouter un abonnement de 120 euros annuel/exploitation.
À terme, la solution Chronopature ouvre différentes perspectives : elle peut s'appliquer aussi bien pour les troupeaux laitiers que pour les troupeaux allaitants, caprins ou ovins. Elle devrait pouvoir s'articuler avec d'autres outils de pilotage du pâturage existants (par exemple Paturnet, MesParcelles, HappyGrass). Enfin, "cette technologie de tracking des animaux ouvre d'autres possibilités de développement, autour du bien-être animal, du comportement animal, de l'agroécologie...", conclut Xavier L'Hostis.
Module "biomasse” pour optimiser le pâturage

La solution Chronopature ne s'arrête pas au simple enregistrement des déplacements des animaux dans un but de transparence. Elle va permettre aussi à l'agriculteur, grâce à un nouveau module "biomasse", de connaître l'évolution de la quantité d'herbe sur ses parcelles, dans le cadre du pâturage tournant. "Grâce aux données satellite qui quantifient ce volume d’herbe, Chronopature permet à l’éleveur d’optimiser son parcours de pâturage", souligne Xavier L'Hostis. Cette fonctionnalité, présentée au Space 2021, est encore en expérimentation auprès d'agriculteurs d'Ille-et-Vilaine. "La biomasse est mesurée grâce au satellite Sentinel 2, qui passe tous les deux jours. Les données sont transformées en kilos de matière sèche/ha. Ces mesures sont comparées avec des mesures effectuées à l'herbomètre".