Comment gérer nos émotions… et celles des autres ?
La joie, la peur, la colère, la tristesse : les émotions font partie de nos vies. Si elles ont chacune leurs déclencheurs et leur fonction, il n’est pas toujours facile de savoir qu’en faire et comment les gérer. Le point avec Anaïs Legras, thérapeute familiale et formatrice.

"Des émotions, on en a tous. Mais on ne sait pas trop ce que c’est ni quoi en faire". Thérapeuthe familiale et formatrice, Anaïs Legras commence par planter le décor. "L’émotion, c’est une réaction physiologique d’adaptation de l’organisme, qui dure 90 secondes au maximum". Dans un premier temps, des capteurs sensoriels envoient un message au cerveau. Aussitôt, ce dernier libère des hormones spécifiques, permettant au corps d’agir immédiatement. Puis une autre partie du cerveau va analyser la situation et apporter une réponse plus réfléchie, avant que le corps ne revienne au calme.
Quatre émotions de base
Aux quatre émotions de base, la joie la peur, la colère et la tristesse, on peut rajouter le dégoût, la surprise, la honte… "Leur intensité peut varier de 1 à 10", détaille Anaïs Legras. Ainsi, la colère peut se décliner d’irrité à fou de rage, la joie de ravi à euphorique, la peur de soucieux à terrifié, la tristesse de chagriné à désespéré. "Et on peut ressentir plusieurs émotions en même temps. La peur et une colère refoulée aboutiront à de l’angoisse, une colère contre soi et la peur de l’exprimer à de la culpabilité". Mais en règle générale, "on manque cruellement de vocabulaire pour décrire ses émotions, constate la thérapeute. Or, il faut des mots pour savoir comment on se sent, pour identifier ce que ressent son entourage". Un apprentissage est donc nécessaire.
Il faut des mots pour savoir comment on se sent, pour identifier ce que ressent son entourage.
Des fonctions bien précises
"À chaque émotion, son déclencheur, rappelle Anaïs Legras. Le savoir permet de mieux les repérer". Ainsi, la peur est déclenchée par le danger, la colère par la frustration, un dommage ou une blessure, la tristesse par une séparation ou une perte, la honte par une humiliation, un rejet ou une exclusion.
Les émotions ont aussi une fonction bien précise. Ainsi, la joie favorise l’apprentissage, donner du sens, une direction à sa vie. La peur permet d’assurer sa protection voire de survivre, la tristesse d’accepter, de faire son deuil... "Et même si certaines sont plus agréables que d’autres, il n’y a pas d’émotions positives ou négatives ! Par exemple, la rage, fréquente chez les tout-petits, n’est pas grave : elle leur sert à se libérer de leurs tensions".
Se libérer de ses émotions
"Une émotion est faite pour naître, vivre et mourir, indique Anaïs Legras. Quand on exprime une émotion naturelle, on s’en libère. Mais quand on ne peut ni agir ni décharger une émotion, celle-ci est refoulée, le corps reste sous tension, ce qui déclenche du stress, des douleurs psychosomatiques…". Ainsi, si la colère sert à mettre des limites, se réparer de l’intérieur, une colère refoulée peut déboucher sur la violence.
Nos réactions à une émotion peuvent être disproportionnées. "Parfois, ce qui a déclenché l’émotion nous ramène à un évènement du passé", explique la thérapeute. Il faut alors retrouver cette situation pour "débloquer" cette émotion. L’évènement déclencheur peut aussi être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. "Pour éviter d’accumuler puis d'exploser, il faut apprendre à dire au fur et à mesure ce qui ne va pas". Enfin, les réactions émotionnelles peuvent être inappropriées. "Au fil du temps, on a substitué une émotion à une autre, remplacé la tristesse par la colère par exemple, parce qu’à un moment, on n’a pas pu ou su exprimer son émotion". Ce peut aussi être le cas d’émotions qui ne sont pas valorisées ou pas tolérées dans le cercle familial. "Certains ne s’autorisent pas à ressentir de la colère, d’autres de la tristesse". Certaines phobies s’expliquent aussi par des émotions inappropriées. "Et on peut ressentir des émotions qui ne nous appartiennent pas, soit par contagion, comme la peur, soit parce qu’elles sont transgénérationnelles. Dans ce cas, il faut remonter l’histoire pour l’expliquer et y mettre fin".
Mais gérer ses émotions n’est pas toujours simple. "Parfois, on a besoin d’un coup de pouce, affirme Anaïs Legras. Quand quelque chose vous ronge, que vous avez essayé des trucs qui n’ont pas marché, n’hésitez pas à aller consulter votre médecin de famille, un psy… Et n’attendez pas trop longtemps".
N’ayant toujours pas repris les conférences en présentiel, le réseau des élus de la MSA d’Armorique a proposé un webinaire, le 23 septembre dernier, intitulé "comment mieux vivre avec ses émotions et celles des autres". Après la gestion du stress ou l’équilibre alimentaire, ce thème a encore rencontré un beau succès, avec plus d’une centaine de personnes connectées.