Ejendu, une filière qui se structure sur le territoire breton

Mise en place de bœufs et génisses croisés LimousinXPH disponibles en Bretagne
Le 1er essai mené entre 2016 et 2017 a permis de comparer deux régimes alimentaires (base maïs ensilage ou mixte maïs/herbe) et les résultats des bœufs par rapport à ceux des génisses.
De l’arrivée à 15 jours jusqu’à 70 jours, les veaux ont été démarrés avec une alimentation lactée. Au cours de cette période les veaux reçoivent également un mélange fermier. Du maïs ensilage est introduit progressivement dans la ration dès le début du deuxième mois jusqu’au 7e mois. Par la suite, les animaux ont été répartis en deux lots. La moitié des animaux reçoivent une alimentation à base de maïs ensilage complémenté avec 2,0 kg brut de tourteau de colza, 0,5 kg de blé. L’autre moitié reçoit une ration constituée d’ensilage de maïs et d’ensilage d’herbe complémentée avec 1,5 kg de tourteau de colza.
Cet essai montre que l’introduction d’herbe dans la ration pénalise légèrement les consommations (-86 gr/jours) mais au final pas les croissances. Les femelles sont plus légères que les mâles (-10 kg de carcasse), légèrement plus grasses mais ont un meilleur rendement viande car elles sont mieux conformées (1/3 de classe en plus).
En moyenne les animaux ont été abattus à un objectif de 300 kg de carcasse, 15 mois et de conformation O+/R- pour des croissances de 1 200 g/jour. D’un point de vue qualité de viande, la couleur de viande est régulière notée rouge clair. La viande est bien persillée avec un niveau de finition très satisfaisant.
Le croisé limousin s’en sort aussi bien que les autres croisements avec des races précoces
À la suite de ce premier essai, des partenariats ont été mis en place avec des éleveurs laitiers bretons sur la naissance de veaux croisés. Les performances de croisés LimousinXPrim’Holstein AngusXPH et HerefordXPH ont été comparées sur les croissances, les indices de consommation et la qualité des carcasses et des viandes. L’idée étant de comparer ces races précoces au croisement limousin. Les veaux, arrivés à 15 jours et sevrés à 75 jours reçoivent par la suite une ration à l’auge composée de 50 % d’ensilage de maïs, 10 % d’ensilage d’herbe, 15 % de blé et 25 % de tourteau de colza (+ paille et CMV) en engraissement.
Du sevrage à l’abattage, les bœufs ont réalisé 1 267 g de croissance moyenne par jour. Les mâles des trois races ont les meilleures croissances avec des GMQ allant de 1 300 à 1 330 g/jour. Les femelles croisées Hereford restent avec des croissances proches de celles des mâles, tandis que les femelles croisées Angus décrochent un peu avec 1 170 g/jour. Ce sont aussi elles qui ont la plus grosse ingestion, elles ont donc sans surprise la moins bonne efficacité alimentaire du lot. A contrario, les plus efficaces sont les croisés Limousin qui ont mangé moins de fourrages et de concentrés que les autres tout en maintenant de bonnes croissances.
D’un point de vue qualité de carcasse, si les croisés Angus sont abattus légèrement plus lourds que les croisés Limousin pour obtenir le poids objectif carcasse (rendement légèrement plus faible) et un peu mieux conformés ils sont aussi plus gras (note d’état d’engraissement plus élevée et quantité de gras de parage plus élevé sur la carcasse).
À chaque stade, une caractérisation des carcasses a été réalisée, ainsi que des découpes permettant de relever le poids individuel des pièces. Des tests qualitatifs et quantitatifs de dégustation ont également été réalisés Par Interbev Bretagne, notamment auprès d’un panel de 70 consommateurs par Eurofins. À la consommation, 85 % du panel a déclaré avoir beaucoup apprécié la tendreté, 80 % ont beaucoup apprécié la texture, le goût et l’opinion globale étant également plébiscités sur les faux-filets testés.
• Efficacité économique et environnementale
Les marges brutes et coûts opérationnels ont été calculés. Les génisses ont l’avantage par rapport aux bœufs de ne pas avoir de castration (réalisée de manière chirurgicale) et des prix d’achat plus faibles dans les conditions de l’essai. Malgré cela, les bœufs limousins s’en sortent le mieux en raison de leur meilleure efficacité alimentaire. Des modélisations globales ont également été réalisées.
Une simulation de bilan carbone d’un lot de jeunes bœufs limousin calculée montre que cette production présente l’avantage d’une empreinte carbone plus faible que celle d’un atelier de JB. Ces résultats s’expliquent par le jeune âge à l’abattage des bœufs ce qui limite leurs émissions de méthane entérique, responsables de la moitié des émissions des élevages de ruminants.
L’intégration d’un passage à l’herbe est possible mais pénalise les croissances
Le dernier essai de cette série consistait à intégrer un passage à l’herbe lors de la phase de pré-engraissement, afin d’inclure à cette expérimentation un volet sociétal supplémentaire. Trois lots de bœufs croisés LimousinsXPH ont donc été mis en essai entre 2018 et 2019, bénéficiant tous d’un passage à l’herbe d’au moins 3 mois, avec à disposition une surface de 14 ares en moyenne (variant selon la période de pâturage). Le pâturage mis en place était un pâturage tournant (changement de parcelles tous les 3 à 5 jours), avec à disposition une auge contenant 1 kg de blé par animal et par jour. Les phases inter-pâturage puis lors de la phase de finition les animaux ont reçu la même ration que les animaux du volet 3 en engraissement.
Les résultats montrent que ce passage à l’herbe retarde les croissances, les animaux arrivent à 300 kg de carcasse en moyenne 1,5 mois plus tard que les bandes des volets précédents menés à l’auge. Les rendements carcasses sont également plus faibles, les animaux ayant eu des croissances moins poussées entre le sevrage et l’abattage (-120 g/j), ils ont fait plus de squelette. Les carcasses sont moins grasses mais les animaux ne sont pour autant pas maigres, il y a bien du persillé dans la viande et leur état d’engraissement est en moyenne de trois. En revanche, la couleur de la viande de ces animaux passés au pâturage est notée visuellement légèrement plus foncée que les animaux menés à l’auge. Cela s’explique sans doute par leur âge à l’abattage plus élevé (1,5 mois) que les autres.
L’intérêt économique d’un passage à l’herbe est limité, la surface valorisée par bœuf est plus importante d’un tiers et impacte la marge. Si ces surfaces étaient valorisées en cultures de vente, alors elles représenteraient 12 cts par kg de carcasse.
Valorisation des veaux laitiers
La Bretagne étant la première région productrice de lait, elle est également la première concernée par le débouché des veaux laitiers présents en très grand nombre sur son territoire. Si la production de veaux de boucherie permet de valoriser une large part de veaux laitiers, la Station des Bouviers Idele à Mauron continue d’œuvrer sur ce sujet.
Au-delà de travaux structurants en lien avec la production laitière, il est important de travailler sur les circuits de valorisation des veaux en fonction des débouchés possibles, de leur race et de leur potentiel.
Une série d’essai à la station expérimentale de Mauron
À la demande d’Interbev Bretagne, quatre années d’expérimentation ont été menées à la station expérimentale de Mauron par la chambre d’agriculture de Bretagne, entre 2015 et 2019. Les essais portaient sur la faisabilité d’une production de jeunes bœufs ou génisses pour un poids de carcasse de 300 kg à partir de veaux croisés PH avec des races précoces, et ont permis de déterminer la faisabilité économique, le plan d’alimentation, la conduite technique ainsi que les croisements les plus propices à la production d’une viande rouge régulière et tendre.