Engrais organiques, une source d’azote à valoriser
Dans notre région d’élevage, nous disposons d’un stock intéressant de matières fertilisantes issues de déjections animales ou d’unités de méthanisation. Traditionnellement, ces engrais sont plutôt utilisés sur le maïs ; les céréales et les prairies étant fertilisées avec des engrais minéraux. Le contexte actuel de moindre disponibilité des engrais minéraux et leur coût important impose de revoir sa stratégie de fertilisation.

Tous les engrais organiques contiennent une part d’azote. Celle-ci est variable en fonction des produits, tant sur sa concentration que sur ses différentes formes dans le produit. Avant d’envisager une fertilisation organique il faut d’abord connaître son engrais.
Le fumier et le compost sont des engrais peu efficaces à court terme, seule une partie de l’azote qu’ils contiennent sera disponible pour la culture suivante. L’azote de ces produits est en effet sous forme assez stable et sera libéré sur plusieurs années. Ces engrais trouveront plutôt leur place avant maïs où l’efficacité est bonne s’ils sont apportés suffisamment tôt au printemps. Sur prairie, ils contribuent à améliorer sur le long terme les fournitures du sol et permettent surtout d’apporter deux éléments essentiels : phosphore et potasse.
Les lisiers et digestats liquides ont une bonne efficacité à court terme, une grande partie de l’azote est sous forme ammoniacale et sera rapidement transformée en nitrates disponible pour la plante. Une analyse du produit à épandre doit être faite pour confirmer la dose à épandre, celle-ci peut se faire au laboratoire ou avec des outils de mesure simplifiés (Quantofix ou Agrolisier). À noter que certains équipements montés sur la tonne à lisier permettent une analyse en direct.
L’azote de ces produits étant sous forme ammoniacale, il convient d’être vigilant sur les conditions d’épandage pour ne pas perdre la valeur fertilisante par volatilisation. Un épandage avec une rampe à pendillard au plus près du sol permettra d’assurer une bonne répartition et de réduire la part volatilisée dans l’air. Le mieux étant d’utiliser un enfouisseur.
Le fumier de volaille quant à lui est le plus efficace des fumiers mais aussi le plus concentré. L’épandage se fait à des doses de 5 à 6 t/ha et nécessite donc un épandeur à fumier capable d’épandre cette dose de manière régulière sur la parcelle. Les tables d’épandage sont particulièrement recommandées pour épandre ces produits.
Attention : L’arrêté biosécurité du 29-09-2021 impose un enfouissement de tout effluent de volaille. Le délai est de 12 heures pour les effluents assainis par simple mélange à la terre. Dans le cas d’effluents non assainis, l’enfouissement doit être direct (lisier) ou bien la charrue doit suivre l’épandeur (produit solide).
À retenir
- Sur maïs, privilégier l’utilisation d’engrais organiques de type fumier (hors fumier de volaille) si le produit est disponible. Sinon, privilégier l’utilisation d’un autre produit organique (lisier, digestat, fumier de volaille) et s’assurer d’un enfouissement lors de l’épandage ou dans les heures qui suivent. Ne pas chauler sur le produit épandu ce qui provoquerait une perte importante d’azote.
- Sur céréales et colza, seuls les lisiers et digestats sont recommandés. Ils seront positionnés sur les premiers apports et si nécessaire aussi ensuite. À condition que leur épandage ne porte pas d’autres préjudices à la culture (tassements, destruction de plantes…). L’épandage au pendillard semble le meilleur compromis, certains systèmes d’enfouisseur à disques peuvent donner de bons résultats mais il faut s’assurer de la portance de la parcelle et d’un peuplement suffisant après passage.
- Sur les prairies, seuls les lisiers et digestats peuvent être utilisés. L’injection à disques donne de bons résultats en bonnes conditions, sinon privilégier le pendillard. Un délai d’au moins 3-4 semaines avant le retour du pâturage est à tenir afin de prévenir l’apparition de problèmes sanitaires.