Gestion des haies : la ferme de Trévarez peut aller encore plus loin
Lors du diagnostic Biotex, il est ressorti que la station de Trévarez peut améliorer sa gestion des haies. Quelles mesures peut-elle mettre en place ?
Samuel Le Port. Il existe aujourd’hui des codes de bonnes pratiques de gestion durable des haies bien établis, prenant en compte les aspects fonctionnels (rôle brise-vent et anti-érosif) et environnementaux (réservoir de biodiversité, rôle épurateur). La ferme de Trévarez, avec ses 17,89 km de haies, s’est engagée en 2009 dans la réalisation d’un plan de gestion du bocage afin d’identifier la ressource disponible en bois et d’établir un programme de travaux d’entretien respectant ces codes. Il est possible d’aller plus loin en intégrant les démarches de labellisation pour garantir cette gestion durable, avec une valorisation du bois en énergie ou litière animale (Label haie) mais également pour quantifier et monnayer le carbone additionnel stocké par les haies (Label Carbocage). La gestion durable passe par des entretiens raisonnés, reconnus et valorisés par les labels.
Quelles "mauvaises habitudes" ont souvent les agriculteurs en pensant bien entretenir leurs haies ?
S.L.P. Certaines pratiques ne répondant pas aux principes de gestion durable sont à proscrire : les coupes rases de haie de futaie, l’abroutissement des repousses par les animaux, le désherbage chimique ou le broyage à la base de la haie… Pour favoriser le développement de la biodiversité, il est important de conserver la strate herbacée et favoriser la régénération naturelle en laissant une zone non-broyée à 50 cm de part et d’autre de la haie. Par ailleurs, il existe des règles à respecter dans le cadre de la PAC dont celle de ne pas tailler les haies du 1er avril au 31 juillet.
Quels conseils simples peux-tu donner aux agriculteurs pour une bonne gestion de la haie ?
S.L.P. Quand on parle de mise en œuvre d’une gestion durable des haies, il est indispensable de passer au préalable par un diagnostic pour juger de l’état général du maillage bocager et des pratiques de l’agriculteur. À partir de ce diagnostic seront établies les pistes d’amélioration des pratiques permettant à l’agriculteur de répondre au cahier des charges des labels. Pour exemple, l’opération de recépage d’un taillis consiste à couper au plus près du sol les brins afin de permettre à la souche de rejeter correctement. Pour l’élagage des arbres de haut-jet, il est important de couper au plus près du tronc en gardant un bourrelet cicatriciel. Cela paraît anodin mais ces pratiques auront pour effet le bon maintien des haies en place.
Lors de son implantation, comment bien choisir les essences à planter ?
S.L.P. Tout d’abord, le lieu d’implantation d’une haie est défini en fonction d’objectifs recherchés : créer une haie brise-vent bien orientée pour protéger les animaux, les cultures et les bâtiments agricoles des vents dominants de sud-ouest et de nord-est, mettre en place une haie sur talus en rupture de pente pour atténuer les phénomène d’érosion des sols et réguler les eaux de ruissellement. Ensuite, on établit un schéma de plantation avec des essences variées et adaptées aux conditions pédoclimatiques. Pour exemple, on privilégie la plantation de chêne sessile qui est moins exigeant en eau par rapport au chêne pédonculé, majoritaire dans le bocage breton.