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Produire pour nourrir, c’est notre métier

"L’énergie nous façonne, nourrit huit milliards d’individus, les habille, les transporte, donne du travail et concentre les populations dans les villes" rappelle Jean Marc Jancovici*. Ce n’est pas par hasard que la nourriture est citée en premier, il n’est pas inutile de rappeler que c’est un besoin élémentaire, et que ce besoin n’est pas satisfait partout dans le monde, ni même chez nos concitoyens plus proches de nous. La structuration de nos sociétés grâce à l’abondance d’énergies fossiles, dense, c’est-à-dire stockable dans peu d’espace, et pilotable, c’est-à-dire achetable et mobilisable quand on en a besoin, est aujourd’hui bousculée sur ses fondamentaux. Bousculée, au point de mettre potentiellement en conflit, la production d’alimentation et la production d’énergie renouvelable.
Produire de l’alimentation reste le besoin majeur. La prise de conscience de l’importance d’être souverain sur son alimentation a été renforcée à l’aune de la crise sanitaire. Espérons que ce ne soit pas un sursaut éphémère.
Parallèlement et disons-le, paradoxalement, sur un espace de production qui s’amenuise avec la consommation foncière, la production d’énergies renouvelables constitue une autre attente à l’égard de l’agriculture, comme alternative à l’épuisement et au cout des énergies fossiles.
Certains d’entre nous se lancent dans cette nouvelle aventure, avec des projets de méthanisation, des projets photovoltaïques, des trackers… Cette contribution à un mix énergétique est une opportunité de diversification et de revenu pour le monde agricole, à condition de ne pas être otage d’incompréhensions trop fortes.
D’une part, parce que s’il devient plus rentable de produire de l’énergie que de produire des biens alimentaires, c’est l’activité la plus rentable, surtout si elle demande moins de travail, qui prendra le pas.
D’autre part, parce que cette production d’énergie convoite désormais du foncier, comme par exemple des projets photovoltaïques au sol. Ne pas s’exclure du jeu, sans renoncer à produire d’abord des denrées alimentaires, passera par des règles du jeu, et une capacité d’arbitrage politique professionnel et politique tout court, des arbitrages et donc des lignes rouges à ne pas dépasser. Je pense par exemple à l’installation de photovoltaïque au sol, à l’usage excessif de cultures pour alimenter des méthaniseurs…
Aucune énergie n’est verte ou vertueuse dans l’absolu. L’évolution du débat sur le nucléaire, énergie décarbonée, montre que changer sa façon de vivre et renoncer n’est pas si simple. Pour l’énergie renouvelable, issue de l’agriculture, il faudra aussi trouver une voie acceptable.
Cette voie acceptable entre nous et dans nos territoires, c’est d’abord être bien ancré sur ses fondamentaux. Et pour nous, c’est permettre la mission noble de manger sain et à sa faim. C’est ce que sait faire notre agriculture régionale, ce qu’elle doit vouloir et pouvoir faire demain. Pour cela, il faudra que les agriculteurs eux aussi en vivent bien.

* Polytechnicien créateur du bilan carbone développé au sein de l’Ademe, créateur de carbone 4, créateur du think tank "shift project", vient de publier "un monde sans fin" ed Dargaud.

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