La Bretagne a des atouts et les agriculteurs ont 2022 pour s'adapter
Fin 2021, les Ministres de l’agriculture et députés européens ont officiellement adopté les règlements qui fixent les grandes orientations agricoles à partir de janvier 2023 pour cinq années. Avec deux années de retard, une nouvelle PAC va entrer en application dans tous les Etats membres de l’Union européenne à partir de 2023. L'année 2022 s'annonce donc décisive pour s'adapter.

Le plan stratégique national de la France, déposé à la Commission européenne doit encore être validé d'ici à l'été 2022. A ce stade, quel regard portez vous sur les positions françaises ?
Laurent Kerlir. Globalement, on est plutôt rassurés, car la Bretagne avait beaucoup perdu sur les deux dernières réformes de la PAC. Pour compenser cette baisse des aides, les élevages laitiers s'étaient agrandis mais pas forcément avec main d'oeuvre en face. Cette fois l'enveloppe pour la Bretagne devrait se stabiliser à 417 millions d'euros, soit une baisse de 9 millions. Il faut bien avoir conscience que les aides PAC jouent un rôle primordial dans le revenu des agriculteurs. Elles représentent ainsi de 40 % du revenu chez les légumiers à 190 % chez les éleveurs de bovins viande. D'où l'importance pour les agriculteurs de participer aux réunions d'informations que nous organisons pour anticiper les changement dans les différentes modalités. Un regret. Nous souhaitions un retour du paiement redistributif a 20 %.
Pour le 1er pilier justement, les modalités de mise en œuvre des différents dispositifs de cette nouvelle PAC en France sont désormais quasiment toutes connues, quels sont les grands principes et qui en sort gagnant ou perdant ?
LK. Sur la convergence, on peut dire que l'essentiel a déjà été fait car on est pratiquement au bout, notamment pour les laitiers, qui vont perdre un peu, mais cette baisse sera compensée par les aides couplées bovines à l'UGB (Lire dans le dossier pages suivantes). Par contre ceux qui vont être plus impactés par la convergence, ce sont les éleveurs naisseurs allaitant et veaux de boucherie. Une des principales nouveautés de la PAC 2023 -2027, c'est le système des éco-régimes qui vient prendre la place des aides vertes. C'est le point important et à anticiper pour les agriculteurs bretons. Si la Bretagne a son bocage et ses prairies qui sont reconnus, pour s'adapter à l'éco régime, il va falloir le plus souvent diversifier ses assolements, notamment pour les éleveurs porcins et avicoles.
Sur le 2nd pilier en revanche, des discussions sont toujours en cours, notamment sur le soutien aux investissements et les MAEC. Quel est votre sentiment ?
LK. Sur le 2nd pilier, on a toujours défendu les aides à l'investissement. Sur les MAEC, nous ne sommes pas encore complètement rassurés. Tout ce qui est surfacique est désormais géré par l'Etat. Des arbitrages doivent être faits en région pour voir comment on répond aux différents enjeux (eau, biodiversité, climat...). Des groupes de travail sont actuellement en cours, auxquels participe la chambre d'agriculture. On dispose des montants de l'Etat, mais pas encore de ceux de la Région ou de l'Agence de l'eau, mais on s'attend globalement à conserver les mêmes enveloppes. Les MAEC autonomie fourragère vont prendre le relais des MAEC Systèmes Polyculture Elevage (SPE). A notre demande des MAEC seront disponibles pour les bassins versants Algues vertes. Aujourd'hui on peut dire que l'on est rassurés car on sait que l'on va avoir une réponse mais on ne connaît pas encore le niveau de cette réponse. C'est pourquoi j'insiste sur le rôle de la chambre d'agriculture dans l'accompagnement dans cette période. La Bretagne a des atouts et les agriculteurs ont 2022 pour s'adapter !
Enfin, que peut-on dire sur le renouvellement des générations ?
LK. C'est une des nouveautés du premier pilier de la prochaine PAC, avec le passage d'une aide à l'hectare à une aide forfaitaire. La prime JA, elle est surtout symbolique pour l'instant. Nous serons attentifs au maintien de la DJA à son niveau actuel, dans les discussions avec le Conseil régional, porteur de ce dossier désormais. Le tout, dans le souci d'installer et de transmettre des exploitations qui soient viables économiquement, et durables.