La Bretagne planche sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique
Depuis début 2021, deux programmes(1) d’accompagnement de l’agriculture ont été engagés avec le financement de la Région et de l’Ademe. L’enjeu est de taille, il s’agit de trouver les meilleures voies d’adaptation pour une agriculture qui sera demain résiliente et pertinente face aux évolutions climatiques impactant notre territoire, mais aussi les territoires de nos fournisseurs et clients…

Les chambres d'agriculture travaillent à la création d’un outil permettant de faire un diagnostic de la vulnérabilité des exploitations agricoles face au changement climatique. La première version "test" sera bientôt expérimentée dans des groupes d’éleveurs bovins en région Pays de la Loire, puis en Bretagne. Ces éleveurs contribueront à la création de l’outil en donnant leur avis après l’avoir testé.
D’abord être conscient de l’enjeu
Il est difficile de percevoir au quotidien ce qui va changer avec les évolutions climatiques. Mais un des premiers facteurs de résilience est la prise de conscience des changements en cours. Suis-je conscient que cela aura des impacts sur mon exploitation ? Est-ce que j’en parle dans un groupe technique ? Ai-je déjà abordé ce sujet lors d’une formation ? Suis-je équipé pour suivre la météo (pluviomètre…) ? Ai-je mis mes pratiques en perspective face à l’évolution des risques ?
Un outil de diagnostic bientôt testé par des éleveurs de bovins en Pays de la Loire puis en Bretagne.
Des exploitations agricoles plus ou moins exposées
Le second niveau de questionnements se situe au niveau de la structure de l’exploitation agricole. Une exploitation sera en effet plus ou moins exposée au changement climatique selon sa situation géographique, pédologique et topographique et la présence d’arbres. L’exploitation a-t-elle déjà été impactée par des sécheresses, des épisodes érosifs ou des inondations dont la fréquence peut augmenter ?
La nature des sols est elle aussi interrogée : quelle est la part des sols séchants ou hydromorphes ?
La ressource en eau de l’exploitation doit être considérée : est-elle fragile, puis-je la développer, des conflits d’usages peuvent –ils surgir ?
D’autre part, les questions de la diversification des revenus (et des risques) de l’exploitation, la capacité à résister économiquement à un aléa, des assurances doivent aussi être approchées.
Se questionner sur son assolement
Ai-je des variétés ou des cultures sensibles à la sécheresse ? Ai-je observé des chutes de rendement particulièrement importantes sur certaines cultures ou variétés suite à des épisodes secs ou chauds ?
Ces dernières années, mes cultures ont-elles subi des dégâts liés à un excès d’eau ? Quelles étaient les cultures les plus impactées ?
Toutes les cultures et variétés ne sont pas égales face au changement climatique. Certaines sont plus ou moins sensibles à la sécheresse, à la chaleur ou encore à l’humidité. D’autres ont des besoins de vernalisation. Comment vont évoluer ces paramètres climatiques et quelle sera la vulnérabilité au changement climatique de votre assolement ? C’est ce à quoi les chambres d'agriculture souhaitent répondre grâce à ces programmes.
Évaluer la vulnérabilité liée à ses pratiques
Toutes les pratiques n’ont pas la même résilience face au changement climatique. Les pratiques que j’ai actuellement seront-elles adaptées à mon système de production dans les années à venir ? Me rendront-elles plus vulnérable au changement climatique ?
Quelles évolutions climatiques pour demain ?
Avec l’augmentation des niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, on peut s’attendre à une augmentation des températures moyennes, ainsi qu’une modification des précipitations : plus d’eau en hiver, moins en été. Ces évolutions peuvent accentuer les sensibilités de certaines cultures et impacter les animaux.
Cependant ces modifications climatiques ouvrent également la porte à de nouvelles opportunités. Avancement du cycle de pousse de l’herbe et hausse des quantités d’herbe au printemps, nouvelles variétés, nouvelles cultures. Le changement climatique n’est pas uniquement annonciateur de difficultés ou pertes de rendements mais aussi d’opportunités et d’adaptation.
(1) Fermadapt et Climatveg.
Ressource en eau : quelle vulnérabilité par rapport au changement climatique ?
Les sous-sols bretons sont relativement peu perméables, engendrant en surface un réseau hydrographique dense assez sensible aux variations climatiques. La Bretagne se caractérise également par plus de 75 % des prélèvements totaux réalisés en eau superficielle, ce qui est un facteur supplémentaire de vulnérabilité.
Augmentation des besoins d’un côté (nombre d’habitants, nouveaux besoins pour les activités économiques) et baisse des débits et de la recharge des nappes de l’autre, risquent d’entraîner des tensions sur la ressource en eau, alors même que l’eau est un facteur de production essentiel pour toutes les productions agricoles.
Anticiper pour s’adapter, cela passe déjà par une meilleure connaissance des usages actuels ("compter c’est déjà économiser !"). Quels sont les volumes que je consomme ? Pour quels usages ? D’où vient cette eau ? Quelles variations selon les périodes de l’année ? Il s’agit également de se projeter demain en cas de sécheresse, de températures plus élevées, de baisse de la production du forage… : quels seront mes besoins ? Pourrais-je y faire face ou devrais-je mobiliser d’autres ressources (stockage, récupération des eaux pluviales,…).
Ces questions seront abordées dans le cadre du module eau du diagnostic de vulnérabilité développé dans le cadre de Fermadapt. La réflexion autour des plans d’action individuels permettra également d’évaluer les leviers d’adaptation en matière d’économie, de réutilisation ou de diversification de l’eau.
Un réseau de fermes bretonnes pour tester les voies díadaptation
Les agriculteurs qui se questionnent sur ce sujet et souhaitent tester des outils de diagnostic, réfléchir en groupe à leur stratégie d’adaptation, partager les expériences et les résultats techniques sont invités à se faire connaître de la chambre d’Agriculture pour intégrer un groupe "adaptation au changement climatique"
Contact :
Bovins / Tanguy Bodin - 06 73 37 84 01
Porcs / Marie Lou Bernard - 07 88 42 25 99
Légumes industrie et grandes cultures secteur Pontivy / Floriane Bouard - 06 49 34 58 48
Maraîchage et viticulture secteur Vannes / Floriane Bouard - 06 49 34 58 48
Autres / Elisabeth Colnard : 06 71 92 03 14