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L'élevage aux abois, étranglé par l’absence de prix et l’envol des charges

Beaucoup de jeunes installés. Après le rassemblement de plus de 300 producteurs de porcs jeudi, pour demander des aides d’urgence, devant la préfecture de Saint-Brieuc, les éleveurs laitiers sont à leur tour montés au créneau, à l’appel des JA et FDSEA. Vendredi à Brest (29), devant les bâtiments de la coopérative Laïta, ou à Vannes, Lanester, Ploërmel et Pontivy, devant les grandes surfaces, c’est l’urgence d’obtenir des prix justes qui a été réclamée.

Des convois de tracteurs ont rejoint la place de la préfecture à Saint-Brieuc.

"C’est une question de survie ! Ces niveaux de prix, c’est du jamais vu. Si on ne peut pas répercuter la hausse de nos charges, on va dans le mur. Certains y sont déjà. Mais que la loi Egalim soit appliquée !", résume de ses motivations, Michel Quatrevaux, éleveur laitier à la Vraie-Croix (56). Et d’égrainer les plus 39 % de hausse sur le prix de l’aliment, les plus 82 % du fuel, les plus 200 % sur les amendements, les plus 12 % sur les prestations extérieures...

Mobilisation massive

Campés sur le rond-point face au centre Leclerc de Vannes, ils sont plus de 70 éleveurs, dont une majorité de jeunes installés, à avoir investi le lieu à l’heure du repas. Autour d’eux, une quinzaine de tracteurs, banderoles au vent : "du prix pas des primes", "je suis à l’agonie", "quel avenir pour un JA ?". Les coups de klaxon, en guise de soutien, se font entendre tout autour. Le message est clair, à Vannes comme à Ploërmel, Lanester ou Pontivy où près de 250 éleveurs auront alerté sur l’absence inquiétante de prix.
La mobilisation intervient alors que les négociations commerciales annuelles avec les centrales d’achat patinent sur le passage des hausses nécessaires à couvrir des charges qui flambent et le coût des matières premières qui s’envolent.

On ne va pas se laisser faire, la colère gronde

Revalorisation

Les lieux de rassemblement, face aux GMS, pointent l’enjeu. "Leclerc joue la provocation avec sa baguette à 29 centimes d’euros et le kilo de porc vendu ce matin en rayon à 1,29 euro quand il faudrait 1,80 pour couvrir le prix de revient", tempête un des jeunes agriculteurs venus à ce rassemblement massivement. "C’est une injure faite à notre métier", ne décolère pas Marie-Andrée Luherne, présidente de la FDSEA du Morbihan. "On dit que les ménages en France paient 40 euros de plus par mois pour leurs factures d’énergies. La hausse pour rémunérer nos produits à leur juste valeur ne coûterait que 5 euros par mois. C’est huit fois moins et on nous dit que ce n’est pas réaliste ! ", s’insurge-t-elle réclamant que la Loi Egalim 2 soit appliquée d’urgence. "On ne va pas se laisser faire, la colère gronde", met-elle en garde. "On est à un point de bascule de la profession. Si on ne fait pas cet effort (de prix) là qui doit être fait, c’en est fini. Ça fait deux générations que cela dure, on n’arrive pas à transmettre les outils. Il faut donner des perspectives aux jeunes", insistera Kévin Thomazo, président de JA Bretagne alors que les entrées du centre Leclerc de Vannes étaient bloquées et qu’une opération de vérification des prix intervenait dans les rayons, en amont d’une rencontre en préfecture de Vannes programmée mardi dernier.

À Brest, FDSEA et JA réclament 450 E/1 000 l de lait

Le 21 janvier, à l’appel de la FDSEA et des JA, une petite centaine de producteurs se sont rendus au siège de Laïta (29). L’occasion de rappeler, alors que les négociations commerciales avec la grande distribution battent leur plein, qu’il faudra un prix du lait à au moins 450 €/1 000 l pour couvrir des coûts de production qui s’envolent. "À ce jour, aucune demande d’augmentation n’a été validée", constate Guy Le Bars, président de Laïta, bien décidé, lui aussi, à faire passer des hausses. "Nous n’hésiterons pas à changer de ton si rien n’avance", préviennent les deux syndicats qui rencontrent également des représentants de la grande distribution.  / Chantal Pape - Terra

 

 

Saint-Brieuc : 300 éleveurs de porcs réclament prix et aides d'urgence

Lors d'une cellule de crise porcine en préfecture de Saint-Brieuc à la demande de la FDSEA-JA 22, trois cents producteurs de porcs se sont rassemblés devant les grilles demandant le soutien de l'État.

"Cela fait longtemps que l'on alerte de la situation. On veut des aides directes tout de suite. Ce sont des gens que l'on va perdre, on veut continuer en étant payés et respectés !", s'époumone la présidente de la FDSEA 22, Fabienne Garel dans le micro, à la sortie d'une réunion de plus de deux heures avec le préfet et les acteurs agricoles du département. Il est plus de 19h ce jeudi 20 janvier, 300 manifestants attendent l'issue de cette réunion dans le froid. Dans des bidons, des feux de palettes ont été allumés au centre de la place entourée par des rangées de tracteurs et de camions venus en cortège de Lamballe et de Guingamp quelques heures auparavant. Une majorité de jeunes éleveurs ou futurs éleveurs, et aussi des représentants de coopératives, ont fait le déplacement. Depuis 2015, la préfecture n'avait pas connu un tel rassemblement.

Un aliment cher, des charges en hausse

Cette fois, la situation est très préoccupante avec un aliment cher, à plus de 300 € la tonne."Il manque 30-35 € par porc, un élevage de 200 truies NE va perdre 100 000 € en six mois", interpellent les syndicalistes. Les trésoreries sont laminées par l'effet ciseau prix/charges. À l'unisson, éleveurs, syndicat et coopératives alertent. "10 % de nos éleveurs basculent dans le rouge tous les mois", décrit Patrice Drillet, président de la Cooperl. Et le représentant de l'Union des groupements, Michel Bloc'h de renchérir : "Les charges de structures ne peuvent plus être payées, le déficit est trop gros, cela ne passera pas ! Il faudra une aide, ce n'est pas la même crise que d'habitude, l'aliment va rester cher".

Une aide d'urgence réclamée

C'est donc une aide directe de 20 € par porc qui est demandée à l'image d'autres pays européens. "Cela passe par les PGE (prêt garanti par l'État) bien sûr, mais bien au-delà avec un besoin d’aides directes dans le cadre des aides d’État temporaires Covid !"
En soirée, le préfet Thierry Mosimann est allé à la rencontre des éleveurs indiquant pour seule réponse que le cabinet du ministre de l'Agriculture reviendrait "extrêmement rapidement" vers les manifestants. Si la prise de conscience du gouvernement est soulignée par les syndicalistes eux-mêmes, les éleveurs attendent maintenant des actes... / Emmanuelle Le Corre

 

 

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