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Une industrie agroalimentaire bretonne en panne de main d'œuvre et de valorisation

Les filières agricoles et agroalimentaires bretonnes emploient 142 290 emplois directs. Comme la filière agricole, la filière agroalimentaire avec ses 71 000 emplois directs souffre des mêmes maux : une perte de valeurs et un manque de bras.

Le Covid a fait évoluer les choses : il y a plus de tension sur l'emploi dans l'industrie agroalimentaire. Mais les besoins ne sont pas propres à ce secteur.

Le chiffre d'affaires de l'agroalimentaire breton a crû de 2,8 % en 2020. En effet, "les exploitations agricoles et les industries se sont adaptées aux diverses contraintes et ont pu éviter tout risque de pénuries alimentaires dans les magasins", évoque la chambre d'agriculture de Bretagne au travers d'une vaste étude présentée vendredi 22 octobre à la station Crécom (22) aux représentants des salariés de l'agroalimentaire. Malgré cela, la filière subit une déflation structurelle des prix et une difficulté à recruter.

 

6 milliards de perte de valeur depuis 2013

L'ABEA (association bretonne des entreprises agroalimentaires) a présenté les chiffres. Avec un chiffre d'affaires de 20,4 milliards d'euros en 2018, l'agroalimentaire breton, premier secteur industriel régional, pèse 10 % du chiffre d'affaires des industries agroalimentaires françaises. Mais notre alimentation perd de la valeur : depuis 2013, l'inflation alimentaire est de 12 points inférieure à l'inflation globale. Or, cette situation de déflation des prix s'est accentuée ces dernières années : "nous avons eu 8 années consécutives de baisse des prix des produits alimentaires en rayon. L'effondrement des marges du secteur agroalimentaire est de -40 % depuis 2017", indique Jean-Bernard Guyot, chef de projet en charge de la communication à l'ABEA. "D'ailleurs, la déflation en GMS a encore pris -0,5 % en août 2021". Une perte chiffrée à plus de 6 milliards d'euros depuis 2013 qui conduit évidemment à un recul des capacités d'investissement et de production des entreprises. Les représentants professionnels et syndicaux présents dans la salle déplorent cette aberration : "Tout le secteur de l'agroalimentaire sert de variable d'ajustement. Le rapport de force avec les GMS est totalement déséquilibré".
Depuis la crise Covid est passée par là, avec pour dommages collatéraux des hausses de matières premières agricoles et industrielles de +5 % à + 51 % s'agissant des matières premières alimentaires (blé +26 %, huiles + 39 %, fruits + 34 %) et de +3 % à +59 % pour les matières premières industrielles dont les emballages. Une baisse de 7 % du niveau de rentabilité est d'ores et déjà annoncée en 2022. Autant dire que "gérer la situation est complexe pour les industriels au quotidien et dans les mois à venir", indique Jean-Bernard Guyot.

On peine à trouver des personnes, il y a des démissions, il y a des difficultés à stabiliser les équipes.

Faire face à un déficit d'attractivité

Dans ce contexte, l'industrie agroalimentaire doit parvenir à relever le défi de l'attractivité. Avec un taux de chômage faible en Bretagne, de l'ordre de 6,5 % (voire 4 % dans certains bassins) la difficulté s'accroît. Bien entendu, les besoins ne sont pas propres au secteur qui rivalise avec le bâtiment, la restauration, le service aux personnes... Mais voilà, "nous sommes à un point jamais atteint", informe Jean-Bernard Guyot, indiquant que des lignes de production s'arrêtent, faute de personnes pour les faire tourner. "C'est problématique".
Les participants, responsables syndicaux et salariés en IAA décrivent : "On peine à trouver des personnes, il y a des démissions, il y a des difficultés à stabiliser les équipes". La tension porte surtout sur les métiers d'opérateur de production (fabrication, conditionnement), de conducteur de machines, de conducteur de ligne, d'agent de maintenance, de technicien de maintenance industrielle... Certains estiment même que depuis le passage du Covid, la philosophie vis-à-vis du travail a changé. "Les 3-8 pour un salaire moyen : cela ne fait plus rêver", indique un salarié de l'industrie laitière. Sans parler de la nouvelle génération Z, décrite comme ayant le sens des valeurs et de la mission, la réticence des horaires décalées, comme étant la génération zapping, nomade, cherchant salaire et responsabilité rapidement... "C'est parfois compliqué pour les équipes, entre des personnes de 25 et 50 ans, on ne se comprend pas parfois", estime Jean-Bernard Guyot.
Pour Pascal Le Cam, représentant FO dans l'industrie de la viande porcine, le recours important à l'intérim de salariés de pays de l'Est, présents sur une courte période, participe au maintien de salaires trop bas. "Nous salariés, nous ne sommes pas reconnus. La rémunération devrait être plus élevée".
Des initiatives sont menées pour changer l'image des emplois en industrie agroalimentaire avec bientôt la semaine nationale de l'agroalimentaire du 15 au 20 novembre 2021.

 

 

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