Transmettre son exploitation : un acte citoyen
C'est cette semaine que se déroulait la sensibilisation à la transmission. Pour lancer l'événement, un rendez-vous était donné à Balazé (35), ou Emmanuel Jeusse a repris l'exploitation de Michel Painchaud.

Emmanuel et Michel, c'est l'exemple d'une transmission. Salarié chez un voisin, quand Emmanuel Jeusse apprend que la ferme de Michel Painchaud va être à reprendre, les deux hommes ne vont pas traîner à se mettre d'accord. Le diagnostique de reprenabilité est fait par l'Adasea, et Michel parraine Emmanuel pendant 6 mois. Il reprend l'outil de travail, les bâtiments, et un peu de terre, Michel louant le reste. Mais transmettre son exploitation n'est pas toujours aussi simple, surtout lorsque l'on a pas anticipé. Les structures syndicales ou professionnelles ont depuis longtemps une politique d'engagement sur l'installation. En revanche, quid de la transmission ? Pourtant l'enjeu est énorme. "Dans les 10 ans, il y aura 48% des exploitations bretonnes qui seront à reprendre", constate Danielle Even, élue à la chambre d'agriculture de Bretagne. Quand on ajoute à cette donnée le vieillissement que connaît le monde agricole, on comprend mieux l'importance d'anticiper la transmission de son exploitation, pour se donner le temps de se poser les bonnes questions. Avec pour tous les acteurs qui interviennent sur cette question, la volonté de voir la transmission, en faveur de l'installation. Ce qui est dans la réalité est loin d'être toujours le cas : bien que le cédant soit au départ favorable à la transmission en faveur de l'installation, seule une exploitation sur trois permet l'installation d'un jeune, soit pour notre région, un solde négatif d'environ 1000 exploitations par an. Cette tendance est le fruit d'une évolution du monde agricole vers celui de l'entreprise, avec un développement du statut sociétaire, auquel il faut ajouter un contexte économique changeant, et une forte pression foncière, qui ne font que compliquer les dossiers. En réunissant tous les acteurs de la transmission, le CRIT* a pour objectif est d'apporter des solutions pour faciliter ces reprises, car, comme l'a souligné Danielle Even, "l'enjeu pour la Bretagne, est de conserver une agriculture diversifiée, forte et créatrice d'emplois".
Arnaud Marlet
* Le CRIT réunit l'ensemble des acteurs de l'installation en agriculture (jeunes agriculteurs, chambres d'agriculture, JA, FRSEA, Confédération paysanne, Réseau Impact), sous l'égide de l'Etat et du Conseil régional.