2020 : Utopie ou retour à la réalité ?

En ce début d’année, je vous souhaite, chers collègues agricultrices et agriculteurs, tous mes vœux de bonheur, de santé et de réussite pour 2020.
Je veux ensuite souhaiter à notre agriculture et à la société un retour à la réalité.
Nous vivons des injonctions découlant d’une vision "rêvée" de ce que pourrait être notre agriculture. Un monde dans lequel les agriculteurs pourraient produire une alimentation de qualité supérieure, labellisée, sans traitement, avec des animaux élevés en plein air sans nuisances olfactives et auditives… et surtout pas chère ! Tout comme le rêve que nous faisions enfants en imaginant robots et voitures volantes devenant la norme en 2000, ce rêve, s’il se rapproche, doit se confronter au principe de réalité !
L’agriculture ne peut être gérée par des théories, elle est régie par la réalité.
La réalité des marchés tout d’abord. Les agriculteurs se doivent de produire tout ce qui se vend. Vouloir les spécialiser tous sur le même créneau est une erreur.
La réalité climatique aussi. Même si notre région est plutôt accueillante pour une production diversifiée, les contraintes climatiques se ressentent de plus en plus. Nous l'avons constaté en 2019 : sécheresse, suivie de précipitations trop denses, de quoi mettre à zéro les stocks de fourrages pour les élevages. Si l’on veut conserver notre élevage et nos cultures dédiées à nos animaux, il faudra bien s’adapter. Ne pas contraindre trop les semis pour des raisons soi-disant écologiques. Importer l’aliment est loin d’être plus écologique.
Cette réalité climatique a aussi un effet sur la sécurité sanitaire des cultures. Elle impose, encore, de bien réfléchir les contraintes imposées : le zéro phyto est une utopie et aurait des effets pervers. Je ne pense pas que les Français soient prêts à renoncer à la sécurité sanitaire et à l’autonomie alimentaire que nous assurons. Notre rôle est la réduction de tous les risques, sanitaires et environnementaux. La science et les choix politiques doivent nous y aider.
J’appelle de mes vœux le retour à la réalité, face à l’utopie que certains vendent à la société en jouant sur ses peurs et qui engendre la violence. Seule la réalité peut répondre aux attentes des citoyens : une alimentation sûre, variée, qualitative et locale. Au moment de finaliser le Sraddet (Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) et donc d’orienter les politiques régionales, le principe de réalité doit prévaloir sur les fantasmes. Les objectifs doivent être réalistes.
Vouloir réaliser des fantasmes peut parfois apporter de mauvaises surprises ! Alors les imposer aux autres sans en maîtriser les conséquences...
En 2020, retournons collectivement à la réalité, assurons notre avenir en trouvant de vraies solutions et en laissant nos fantasmes à leur place.