Accompagner les transmissions en Morbihan
Faire prendre conscience des enjeux aux collectivités et aux partenaires (banques, centres de gestion…), et informer sur les leviers d'action pour des transmissions d'entreprises agricoles réussies dans le Morbihan, tels étaient les objectifs de la rencontre organisée par les chambres d'agriculture de Bretagne, vendredi dernier à Pontivy.

"Dans les dix ans à venir, une exploitation sur deux sera concernée par le départ d'un chef d'exploitation, ou d'un associé dans le cas de sociétés", situe Rémi Castel, conseiller transmission à la chambre d'agriculture du Morbihan. Bien que l'objectif ne soit "pas de faire systématiquement du un pour un", pour Nicolas Chesnin, président des Jeunes agriculteurs du département, "continuer à installer en sécurisant le jeune reste un défi", notamment dans un contexte de raréfaction du foncier, qui est en outre exacerbé en zone périurbaine ou littorale. Le maintien de l'activité agricole sur les territoires peut alors dépendre de la volonté des collectivités. "Locmariaquer a mis 16 ans pour acquérir, petit à petit auprès de nombreux propriétaires, une surface de 11 ha qui soit suffisante pour y installer un maraîcher bio", témoigne le persévérant maire de la commune, Michel Jeannot. La Safer peut également intervenir pour constituer des réserves foncières en faveur d'une installation en diversification hors cadre familial, en convention avec la Région.
Compte tenu de coûts de reprise de plus en plus lourds, le CER France Morbihan a aussi vu des outils se développer ces dernières années : le GFA est remis au goût du jour pour permettre une transmission progressive, même hors cadre familial, et la holding financière s'adapte aujourd'hui à l'activité agricole.
Faire évoluer les mentalités
En 2011, plus d'une installation sur deux concernait des projets de diversification ou de vente directe dans le Morbihan, alors que les exploitations transmissibles (actuellement sans repreneur et inscrites au répertoire) sont pour la plupart conventionnelles. Une inadéquation entre l'offre et la demande qui complique la transmission. Cette inadéquation est également géographique, avec des candidats peu enclins à la mobilité. "Le nord-ouest du département se vide alors que plusieurs jeunes sont en concurrence sur certaines communes", déplore Didier Maroy, de la DDTM.
Bien accompagner la transmission nécessite de faire évoluer les mentalités. Pour expliquer les avantages financiers à s'installer en Gaec quand beaucoup de candidats désirent s'installer en individuel. Pour convaincre les jeunes à ne pas investir dans le foncier afin de dégager du revenu ou de gagner en marge de manœuvre. Pour distinguer la valeur patrimoniale, de la rentabilité de l'exploitation. "La transmission reste encore tabou", constate Daniel Le Pironnec, président du CER France Morbihan. "Il faut cependant l'anticiper, au moins trois ans à l'avance", s'accordent à dire les participants.