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Aller au bout des promesses

Laurent Kerlir, président de la chambre d’agriculture du Morbihan.
Laurent Kerlir, président de la chambre d’agriculture du Morbihan.
© Terra

Le Président de la République a anticipé l’ouverture du salon en invitant des jeunes agriculteurs à l’Élysée et en promettant "pas question de faire de la bricole ; je veux changer le visage de l’agriculture d’ici trois à quatre ans". Tous les agriculteurs ont envie d’y croire et enfin de partager un projet, une véritable ambition. Mais j’ai bien peur que l’on prenne, non pas le chemin des sommets, mais bien le même sentier qui chemine depuis des décennies, de promesses en décisions décevantes.

Oui un grand plan d’investissement est nécessaire au vu du succès du plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (PCAEA) notamment en Bretagne. Sur l’année 2017, 427 exploitations ont pu bénéficier de cet accompagnement financier pour 14 millions d’euros, soit 32 700 € par projet. Mais nous avons appris jeudi, que pour alimenter le milliard d’aides à l’investissement annoncés samedi, l’État diminuerait sa contribution au PCAEA de 5,5 millions en Bretagne, soit 11 millions d’euros de moins disponibles chaque année jusqu’en 2020. Les agriculteurs méritent mieux que ces petits tours de passe-passe budgétaires. L’agriculture mérite mieux qu’une ambition comptablement réduite aux acquêts.

Il est encore temps de faire du grand plan d’investissement à 5 milliards d’euros un véritable outil d’accompagnement de la transformation et de la modernisation de l’agriculture "pour reconquérir des marchés", et aussi accompagner la création d’outils destinés à l’approvisionnement de la restauration collective.Comme il est encore temps de faire de la réforme de la fiscalité agricole, une grande réforme qui permette de lisser les à-coups et de créer une épargne de précaution, pour adapter la fiscalité aux réalités des agriculteurs du XXIe siècle.

Une loi foncière est en perspective, avec au moins trois volets, pour l’année 2018. "Faciliter le portage entre générations, le recentrage du contrôle des structures sur les opérations qui le justifient, le rôle et la gouvernance des Safer". Ce texte sera-t-il un nouveau détricotage du contrôle des structures ? Ou permettra-t-il une gestion collective comme le demandent nos régions de l’ouest, pour reposer des bases du partage du foncier entre activités, face à l’artificialisation des terres, et aussi limiter l’achat de ces dernières par des étrangers ?

Les agricultrices et les agriculteurs doivent faire face à de nombreux et vastes défis. Au-delà des annonces des États généraux de l'alimentation et des plans de filières, au-delà des discours et des promesses, la seule chose qui a réellement valeur à mes yeux, ce sont les décisions qui permettront aux exploitantes et exploitants, dans les différentes filières, de voir leurs revenus augmenter et redevenir décents au vu de leur engagement.

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