Crédit Agricole
belle croissance
Tonique ! Ainsi, la première banque morbihannaise qualifie t-elle l'activité commerciale qu'elle a vécu en 2010. Dans son escarcelle, un joli résultat de 55 millions d'euros empoché grâce à une progression de 21 % de crédits réalisés et 4,3 % d'épargne engrangée. Une croissance qui ne masque cependant pas la situation difficile des secteurs agricoles.

Vigoureux sont les résultats affichés par la caisse régionale du Crédit agricole du Morbihan à l'occasion de son assemblée générale. Elle s'est déroulée jeudi dernier, à Vannes, sous des augures favorables, à en juger les bonnes performances enregistrées en 2010, malgré un contexte de crise. Mais la reprise frémit. Les 335 000 clients, dont 45 % sont sociétaires, n'ont pas boudé les services proposés par leur banque, notamment sur le marché des crédits."Il enregistre une progression record", se sont félicités Christian Talgorn président, et Hubert Brichart, directeur général, pointant notamment les "+32 % pour l'habitat ou + 35 % pour les collectivités publiques". Le secteur immobilier des particuliers y est pour beaucoup, "les primo-accédants ont profité de l'effet d'aubaine de taux d'intérêts bas. La prise en compte du coût de l'énergie a favorisé les travaux. L'effet d'opportunité de la loi Scellier a fait le reste", analyse Hubert Brichart. Près de 1,4 milliards ont donc été prêtés en 2010 par la banque mutualiste pour un encours total de 6,8 milliards d'euros. Durant ce temps, la collecte progressait elle aussi de 4,3 % pour un encours global de 9,3 milliards d'euros, "soit le tiers de l'ensemble des dépôts morbihannais". Du coup, avec un produit net bancaire de 234,2 millions d'euros, le résultats net progresse de 18, 1 % pour s'établir à 55 millions d'euros, contre 46,6 en 2009. De quoi permettre de voir venir et "réussir l'investissement du siècle pour mettre en oeuvre un nouveau système informatique", précise le président. Une interface unique entre les 39 caisses régionales qui auront mises chacune dans la corbeille, 10 à 15 millions d'euros pour la faire advenir.
Porc, une filière qui va mal
Une progression qui ne cache cependant pas les difficultés connues dans certains secteurs, dont l'agriculture. "Nous en restons le premier financeur" rappelle son directeur. Car si le domaine agricole enregistre lui aussi une progression de 14,5 % de ses crédits pour 153 millions d'euros, "27 concernent la mise en place de Flexi agri, que nous assumons à 82 %. " poursuit-il. Quant à Agilor, destiné à financer l'acquisition de matériels, après son niveau record de 2008, il est passé de 37 millions en 2009 à 29 en 2010. 15 millions d'euros ont été affectés à l'implantation de projets photovoltaïques sur des toitures de bâtiments d'exploitations. "Un vrai engouement" constatent les responsables. Mais si, conjoncture oblige, le secteur laitier a commencé à se désendetter, "les éleveurs de porcs ont fait l'inverse. On aborde la crise de 2011 avec un niveau d'endettement plus élevé qu'en 2007", s'inquiète Hubert Brichart. L'encours de la dette a progressé respectivement de 3 % chez les producteurs de porcs et de 8 % en volailles. "Mais elle se fait aussi ailleurs qu'à la banque. C'est plus masqué. Chez les fournisseurs d'aliments par exemple. Là où je suis le plus inquiet, c'est que tout le monde sert d'amortisseur, y compris la filière aval et les abattoirs. Et là, la filière va très mal. S'il ne se passe rien, les conséquences se feront sentir partout",, met -il en garde, redoutant une baisse de production. La solution serait pire que le mal, selon les responsables du Crédit agricole pour qui "elle risque de faire mourir encore plus d'outils". Des outils déjà fortement fragilisés.
Claire Le Clève