Biogaz Hochreiter se structure en France
Après l'Allemagne, berceau de l'entreprise, Biogaz Hochreiter, spécialiste des installations de méthanisation, se structure en France autour d'un réseau de partenaires régionaux. Pour démontrer la robustesse de ses installations et la fiabilité de son process, l'entreprise bavaroise a ouvert les portes de son entreprise à une délégation bretonne.

«Ma motivation initiale portait sur l'aspect thermique. Comme toutes les maisons bavaroises, le volume de la mienne était énorme et la facture de chauffage l'était aussi. L'aspect production d'électricité n'est venu qu'ensuite ». C'est ainsi que Johann Hochreiter, agriculteur « géotrouvetout » raconte comment, en 1986, tout jeune installé, il bricolera un premier moteur de7 kWe pour lancer son projet de méthanisation à la ferme. 26 ans plus tard, la passion « méthanophile » n'a pas quitté ce quinquagénaire persuadé de la cohérence du lien entre méthanisation et activité agricole.
Johann Hochreiter, agriculteur, inventeur et développeur
Agriculteur « toujours », sur 150 ha avec 65 vaches laitières mais énergiculteur « plus que jamais », Johann Hochreiter a installé sur son exploitation deux unités de méthanisation pour une capacité totale 1800 kWe . Elles fonctionnent à partir de cultures énergétiques produites sur 300 ha, sans autre co-produit. Parallèlement à ces activités, il a développé une entreprise de 50 salariés pour assembler les cogénérateurs, fabriquer digesteurs lents et brasseurs pour des unités dont il est également concepteur du process. Sur les 7200 unités de méthanisation en fonctionnement en Allemagne, l'entreprise Hochreiter en a réalisé 1500. Son chiffre d'affaires en 2011 a voisiné les 50 millions d'euros. Sa marque de fabrique ? «Nous travaillons sur des blocs moteurs allemands dont nous avons éprouvé la fiabilité. Nous assemblons dans nos ateliers les cogénérateurs et autres matériels, le tout en collaboration avec les petites entreprises qui sont situées dans un rayon de 40 km autour de Schnaitsee » détaille t-il révélant du même coup l'efficacité des bases du modèle économique allemand.
Entre 6000 et 10 000 euros le kWe installé
Et pour garantir la fiabilité du service, l'entreprise monte en France et notamment en Bretagne un réseau de partenaires de proximité. Bretagne qui par le biais des intrants disponibles, offre un potentiel important de développement de la méthanisation. Car pour Johann Hochreiter, « il faut avoir une vision cohérente entre le projet de l'exploitation et la méthanisation », affirme t-il. « Vous avez des volumes initiaux à apporter dans votre digesteur mais au fur et à mesure, votre ration va évoluer » prévient-il. Et parce que le coût du kW installé reste encore très cher, entre 6000 et 10000 euros, le risque selon lui est de faire de mauvaises économies. En rognant sur le génie civile qui pèse pour 40 % du projet, par exemple « Sous dimensionner le volume du digesteur est une erreur, parce qu'il y a une taille critique en deçà de laquelle le processus biologique ne fonctionne pas correctement », met-il en garde. Reste également à s'assurer de la fiabilité de cogénérateurs qui devront fonctionner sans interruption à raison de 24h/24 et 365 jours par an pour garantir un revenu. Revenu lié au prix de revente du kW qui lui varie de de 13,27 cts du kW à 19,87 cts suivant que l'on aie réussit à valoriser et ses effluents d'élevages et la chaleur issue du processus de méthanisation.
Claire Le Clève
Un modèle à construire
Renchérissement du coût du maïs, explosion du prix des terres liée aux cultures énergétiques, hausse du coût de rachat des substrats...Alors que l'Allemagne rebat les cartes des bonus de rachat de l'électricité produite par ses 7200 stations de méthanisation, le procédé intéresse la France. Si disposer sur son exploitation des fumiers, lisiers et cultures nécessaires à produire du biogaz, est une condition nécessaire, elle n'est pas suffisante pour garantir la rentabilité du projet. Car sans la valorisation de la chaleur, le tarif de rachat maximal de près de 20 cts d'euros garanti, pendant 15 ans, ne peut être atteint. Réfléchir au séchage à la ferme de fourrage, de céréales ou de bois, complète le modèle économique quand l'hiver il permet de chauffer bâtiments d'élevage, maisons ou immeubles, pourvus qu'ils soient voisins. S'il est séché, puis exporté le digestat ainsi traité peut être une solution pour résorber azote et phosphore en excédents.