Bois : un marché local à dynamiser
La filière bois bocage, soutenue par la chambre d'agriculture, a rencontré une trentaine d'élus locaux à Saint-Germain-en-Coglès (35) sur un chantier d'abattage de bois déchiqueté. L'objectif : les interpeller sur l'approvisionnement local.

En dix ans, la filière bois s'est très fortement développée. Un essor qui a impliqué des investissements et des innovations importantes pour le milieu agricole. Cependant, avant d'être une filière rentable, la gestion des haies, c'est surtout "le maintien du maillage bocager dans les exploitations, la préservation de la biodiversité, l'empêchement de l'érosion des sols et la purification de l'eau", rappelle Marcel Dubois, président du collectif bois bocage à la trentaine d'élus présents. L'invitation des élus locaux sur un chantier d'abattage n'a rien d'anodin, pour le président du collectif, c'est d'abord l'occasion de faire passer un message : "Si, dans les discours, les organisations publiques soutiennent la filière de bois bocage, dans les faits, les gestionnaires des chaufferies gèrent l'approvisionnement sans prioriser le bois local".
Corréler les stratégies
Conquis par les multiples intérêts du bois déchiqueté, nombreux agriculteurs ont souscrit à la démarche, notamment en investissant dans des installations de chauffage à bois déchiqueté ou en louant les machines aux différentes Cuma afin de vendre le surplus. "Aujourd'hui, nous sommes dans une situation délicate", interpelle Marcel Dubois. "Si nous ne trouvons pas de débouchés, les agriculteurs vont se remettre à faire du feu dans le coin des champs, chose que nous avions réussi à annuler en donnant une valeur économique à la haie". Un appel qui trouve écho auprès des élus qui conviennent que le marché du bois, notamment sur un secteur bocager comme Fougères, est actuellement saturé. Ainsi, le prix de revient du bois bocage, plus onéreux que le bois industriel, se trouve mis à l'écart. Malgré un marché en berne, certains agriculteurs restent convaincus de l'intérêt de la démarche, à l'instar de Nicolas Michaud, éleveur de brebis bio à Saint-Germain-en-Coglès, qui vient d'investir dans une chaufferie à bois déchiqueté pour son logement personnel. "Aujourd'hui, je me chauffe presque gratuitement. J'encourage les agriculteurs à se lancer". Un vent d'optimisme que reprend Marcel Dubois en réclamant une structuration de l'ensemble de la filière : "Les collectivités doivent être partie prenante de la valorisation du bois bocage".