DIRECTIVES EUROPÉENNES
Chacun les applique à sa manière
En Pologne, l'Etat tout puissant légifère. En Wallonie, les acteurs locaux expérimentent et décident. Entre les deux, se situent les Pays-Bas et la France. Tous se doivent d'appliquer les directives européennes sur l'environnement. Mais comment ? Echange global pour alimenter la réflexion locale, jeudi matin au Space, à l'initiative de l'Adévia(1).

A force de se persuader que "l'herbe est trop verte à côté", l'Adévia a souhaité regarder d'un peu plus près, la manière dont quatre régions d'Europe appliquent les directives de Bruxelles sur d'environnement. Une chose est sûre : tout le monde regarde du même côté. "Depuis la loi directive cadre sur l'Eau de 2000, les objectifs sont définis, le calendrier est draconien et redoutable avec des possibilités de dérogation mais...", laisse entendre Ambroise Guellec, député européen, ex président de l'Agence de l'eau Loire Bretagne. La loi s'applique mais différemment. Et, de fait, le sud de la Belgique a "traîné des pieds" jusqu'à 2002 pour mettre en application une directive de 1991. Elle n'est pas la seule, regrette Ambroise Guellec évoquant, comme désormais révolue, la tiédeur de la profession à mettre en œuvre le PMPOA à ses débuts : "nous avons perdu un temps précieux".
"Tant qu'il n'y a rien d'obligatoire, il n'y a que les meilleurs élèves qui travaillent", constate Frédérique Hupin, responsable de l'association wallonne Nitraohel. "Nous sommes partis de la base. Notre objectif est de protéger l'eau tout en maintenant l'agriculture, et nous sommes écoutés". Exemple opposé que celui de la Pologne, plus récemment arrivée dans l'UE, héritière d'une tradition de pouvoir fortement centralisé, où l'Etat planifie, encadre, accompagne des déclinaisons régionales.
"Aux Pays-Bas, on pensait au début des années 90 avoir les bons systèmes pour traiter les lisiers", relève Marianne Vaes, attachée agricole à l'ambassade de ce pays. Mais voilà : outre les objectifs, la directive est aussi ciblée sur les moyens (170 unités d'azote/ha). "On a maintenant des contrats. Sans possibilité d'épandre, il n'y a pas d'autorisation d'exploiter. Et, de fait, nous avons réduit le cheptel", poursuit-elle, réclamant l'instauration "de moyens applicables et une vraie harmonisation des méthodes pour évaluer la pertinence des mesures mises en œuvre".
Si tous s'entendent pour dire que le dispositif réglementaire est suffisant, "la carotte et le bâton sont de bons moyens de faire avancer les choses", résume le député européen Ambroise Guellec. Certains jouent la montre et la dérogation, "des pays où l'herbe fait disparaître l'azote mieux qu'ailleurs". D'autres invoquent l'insuffisance des aides, tel le représentant de la Pologne, pour qui la marche à gravir semble trop haute. "Il ne faudrait pas nous décourager, ni faire peur aux paysans", met-il en garde.
(1) L'Adévia est une association créée à l'initiative des chambres d'agriculture pour l'action et le développement international agricole, présidée par Jo Ménard.