Choucas des tours : une étude d'envergure est lancée
C'est une première concernant le choucas des tours. Le département et la chambre d'agriculture lancent une étude qui recensera les populations dans le département. Et débouchera peut-être sur des mesures adaptées face aux nombreux dégâts causés sur les cultures.


Non, ce n'est pas une ènième étude. Cette dernière était vivement souhaitée par la profession agricole. L'appui du conseil départemental et l'aide financière attribuée permet de mener une étude réalisée selon un protocle par la fédération des chasseurs et la FGDON (1) des Côtes d'Armor pour quantifier la population de cette espèce protégée.
"Il faut s'en préoccuper car les conséquences sont importantes en agriculture sur les cultures mais aussi dans les collectivités où le patrimoine bâti et les structures routières sont détériorés. La multiplication des choucas des tours réduit aussi les espaces naturels et la diversité des espèces", liste Véronique Méheust, vice-présidente en charge de l'environnement au conseil départemental.
Mener une enquête pour avancer sur les solutions
Après le Finistère, la population gagne du terrain dans le département des Côtes d'Armor qui connaît des dégâts depuis les années 2010. Des dégâts importants, notamment dans le secteur légumiers des Côtes d'Armor. A Pludual, 12 000 plants de choux-fleurs et brocolis ont été perdus pour un coût de 6 000 € de dégâts chez un producteur de légumes. Peubian, Penvenan...ce sont une centaine de déclarations de dégâts en 6 mois. Le choucas des tours se déplace en nuée, campe dans des dortoirs. Des moyens d'effarouchement existent, mais ils ne font que repousser les problèmes ailleurs, note Danielle Even, présidente de la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor. "On se heurte régulièrement au statut de cet oiseau qui est un animal protégé", remarque-t-elle. Mais à l'inverse des dégâts de gibier, indemnisés par la fédération des chasseurs, là les pertes sont sèches pour les agriculteurs.
Cette espèce est protégée au niveau national et européen. Sa destruction et sa capture sont interdites. La préfecture a délivré une autorisation de prélèvement de 4 000 choucas en deux ans sur tout le département. Une goutte d'eau, déclare Danielle Even, qui souhaite une meilleure prise en compte du problème. A l'origine, la demande portait sur 10 000 animaux prélevés. Aussi pour appréhender les solutions, "il faut des données prouvées scientifiquement pour ensuite discuter avec les instances nationales", argumente la présidente de la chambre d'agriculture et d'ajouter, "on ne parle pas de déclassement de l'espèce mais de quotas de prélèvement plus importants".
La contribution de tous
Le comptage des couples reproducteurs a débuté en mai et se poursuit jusqu'à fin juin. Sur plus d'une centaine de communes du département, des observateurs vont dénombrer le nombre de couples reproducteurs qui nichent dans les bourgs. Les informations recueillies permettront de mieux connaître la répartition sur le département, la qualité de la reproduction, les effectifs dans les bourgs et les supports de nidification. Cet état des lieux viendra s'ajouter aux enquêtes déjà menées auprès des chasseurs localement, du recensement des dortoirs, des constats de dégâts agricoles...
Le conseil départemental a informé les communes du lancement de cette enquête.
Tout producteur concerné par des dégâts est invité à les déclarer afin d'alimenter l'enquête.
Et pour les agriculteurs concernés, il faudra encore attendre. "Il faut prendre le temps de ces études malheureusement pour faire bouger les choses", conclut Danielle Even.
(1) FGDON : Fédération des groupements de défense contre les organismes nuisibles.