Dans la tourmente économique, Crédit agricole SA adapte sa voilure
De passage à Lorient jeudi dernier à l’occasion de la réunion des actionnaires de la caisse régionale du Morbihan, Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit agricole SA, a tenu à rassurer sur la solidité de son bateau. Un bateau qui doit malgré tout «réduire sa voilure en adéquation avec l’environnement économique», et se recentrer notamment sur la banque de proximité.

Partenaire incontournable de l’agriculture et plus généralement de l’économie française avec aujourd’hui 471 milliards d’encours de crédit, le groupe Crédit agricole est aussi une banque reconnue à l’international (54 millions de clients dans 70 pays) dont l’exposition en Grèce a fait récemment couler beaucoup d’encre. Dans ce pays où la banque verte détient près de 7% de parts de marché, "des écritures ont été passées au deuxième trimestre pour faire face aux obligations réglementaires", indique le directeur général de CASA(1). Le groupe a donc comptabilisé "640 millions d’euros d’impact non récurrents sur la Grèce". Autre pays dont la santé économique pose question en Europe, l’Italie qui représente pas moins de 15% du produit net bancaire de la banque à l’international, quoique Jean-Paul Chifflet relativise la part de la Grèce et de l’Italie, 0,7% à elles deux, dans le bilan du Crédit agricole.
La santé financière du 1er semestre
Fort de 74 millions d’euros de fonds propres, "le bateau est suffisamment solide pour faire face aux obligations", estime le directeur général. CASA affichait par ailleurs une bonne santé financière au premier semestre 2011 avec notamment "un produit net bancaire à un niveau record historique de 10,8 milliards d’euros, soit +5,3% par rapport au premier semestre 2010, traduisant un dynamisme commercial fort". Ce qui n’a malheureusement pas empêché la valeur du titre de reculer de 45% au CAC 40 depuis le début de l’année. "Parallèlement au cours de l’euro stoxx, très représentatif de l’économie européenne", précise Jean-Paul Betbèze.
Le chef économiste du Crédit agricole considère que les difficultés financières des pays européens dits périphériques et la fragilité des Etats-Unis "nous affectent de manière excessive". La signature de l’Allemagne pour le renforcement du fonds européen de stabilité financière en soutien à la Grèce a d’ailleurs légèrement rassuré les marchés qui clôturaient en hausse le 29 septembre, surtout à la faveur des valeurs bancaires.
Réduction de l’endettement
Dans un contexte économique en berne, le groupe Crédit agricole a annoncé, la semaine dernière, "une réduction de la voilure" à l’instar des deux autres grandes banques nationales. La banque verte va réduire la taille de son bilan et de son endettement de 50 milliards d’euros correspondant à 3% de ses actifs (contre 10% pour BNP Paribas et 13% pour la Société générale). Elle annonce aussi une diminution des financements sur les marchés à moyen et à long terme qui passeront de 22 milliards en 2011 à 12 milliards en 2012, ainsi qu’un désengagement de certaines activités au sein de sa banque de financement et d’investissement, la Credit Agricole Corporate and Investment Bank (CA CIB).
Le projet du groupe est de "se recentrer sur la banque de proximité, plus proche des territoires et de l’économie réelle". Une banque de proximité en France et à l’international qui représente aujourd’hui 60% du PNB du groupe. Selon Jean-Paul Chifflet, les objectifs du Crédit agricole sont de "rester une banque de proximité de référence, reconnue des clients, tournée vers l’économie des territoires, et de restaurer une rentabilité sur des bases saines".
Audrey Dibet
(1) Crédit agricole SA est composé de 100% de toutes les branches du groupe à 100% (LCL, la banque de proximité à l’international, CA CIB et les métiers spécialisés que sont le crédit conso, crédit bail et assurances), sauf les 39 caisses régionales dont à peine 25% des dividendes sont pris en compte dans CASA.