Dégâts de corvidés : les agriculteurs s’engagent !
Les dégâts de corvidés s’intensifiant, les agriculteurs passent à l’action ! En attendant les résultats d’une étude commandée par le groupe de travail départemental choucas des tours, visant à obtenir un changement de leur statut, ils ont décidé de financer l’achat de cartouches par le biais des Cuma, comme à Plounevez-Lochrist, ou en sollicitant leur caisse locale de Groupama, comme à Plabennec.
Maïs, céréales, légumes frais ou d’industrie… l’an passé, dans le Finistère, les corvidés ont occasionné des dégâts sur plus de 1 500 ha, pour un montant de pertes estimé à 665 000 €. Si corneilles et corbeaux freux peuvent être piégés ou chassés, il en va tout autrement des choucas des tours, une espèce protégée. "Heureusement que le Préfet du Finistère, sensible à la situation des agriculteurs, a autorisé le prélèvement de 12 000 choucas en 2019", explique Bernard Bernicot, le président de Prever. Car l’espèce, désormais présente sur tout le département, est, à elle seule, responsable de la moitié des dégâts de ravageurs. "Un chiffre en très nette augmentation puisqu’en un an seulement, on est passé de 30 à 48 % de surfaces, et de 82 500 à 467 500 € de dégâts". Des dégâts auxquels sont aussi confrontés les particuliers. "Faute de clochers en nombre suffisant, les choucas nichent désormais dans les conduits de cheminée, ce qui peut conduire à des intoxications au monoxyde de carbone", détaille Maël Péden, animateur à la FDGedon, la fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.
Obtenir un changement de statut
Voilà des années déjà que les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme. "Un groupe de travail, regroupant agriculteurs, chasseurs et associations environnementales, a été lancé dans le Finistère", indique Maël Péden, Si des dérogations ont pu être obtenues auprès du Préfet, autorisant des tirs de régulation, il veut maintenant aller plus loin. Et il vient de commander une étude scientifique, détaillant la biologie de l’espèce, son comportement alimentaire, sa capacité de reproduction…, étude qu’il présentera au Conseil national de protection de la nature, afin d’obtenir un changement de statut du choucas. "Nous aimerions que, comme en Grande-Bretagne, il soit désormais considéré comme gibier".
Aider les chasseurs
En attendant, les agriculteurs se sont rapprochés des sociétés de chasse pour tenter de limiter les dégâts de corvidés. Et des tirs, en fin de journée aux abords des dortoirs ou à l’affût en bordure des parcelles à risques, ont pu être organisés. "Des agriculteurs sont venus nous solliciter pour aider à financer l’achat des cartouches", explique Jacques Appriou, président de la caisse locale de Groupama de Plabennec. A Plounevez-Lochrist, les quatre Cuma locales ont uni leurs efforts et versé 540 € à la société de chasse. "Dans d’autres communes, ce sont les caisses locales de Crédit agricole qui ont été sollicitées", rajoute Raymond Le Borgne, secrétaire de l’association Préver. "Même s’il n’y a pas d’indemnisation à la clé, il faut continuer à déclarer tous les dégâts aux cultures causés par le choucas des tours, conseille Maël Péden aux agriculteurs. Sinon, on n’arrivera pas à lui faire changer de statut".
Prever défend les intérêts du milieu rural
Créée en 2010 dans le secteur de Brest, Prever, Pour l’écoute et la valorisation de l’espace rural, s’est fixé pour objectif de "défendre les intérêts des acteurs du milieu rural" et tisser des liens avec les nouveaux habitants, pas toujours au fait des réalités du métier d’agriculteur.
Forte d’une quinzaine de bénévoles, l’association a ainsi monté une exposition itinérante sur le partage du foncier entre agriculture et urbanisme, organisé une conférence-débat sur la biodiversité, réalisé des films sur la valorisation des déchets, publié de nombreux articles sur son site Internet... Travaillant désormais sur les dégâts de corvidés, elle regroupe les témoignages des uns et des autres, afin de diffuser largement expériences et bonnes pratiques.