Du maïs poussant, en floraison sur la moitié sud et est Bretagne
Si cette année, les céréales ne sont pas à la fête, le maïs, avec des situations tout de même hétérogènes, laisse entrevoir à ce jour de beaux espoirs. Point complet de la situation en Bretagne à la mi-juillet.

Le début de cycle a été marqué par des sommes de températures qui s'approchaient de 2018 jusqu’à fin juin, puis début juillet, les températures se rafraîchissent, limitant les stress hydriques au sud et à l’est de la Bretagne, alors que les maïs sont en pleine floraison pour les semis de mi-avril à début mai.
Sur base des cartes du cumul des sommes de températures base 6 (écrêtées à 30°C pour les températures maxi), produites par Météo France (2) , on retrouve le gradient sud-est / nord-ouest : 800°J (degrés-jours) base 6 / 650°J en 2020 (semis au 1er mai), contre 900°J b6 / 700°J b6 en 2018 (année chaude et précoce), soit un retard de 100°J base 6 par rapport à 2018 excepté dans le Finistère où l’écart est plus faible, seulement 50°J.
Par ailleurs, à l’est de la Bretagne, beaucoup de semis ont été précoces cette année entre le 15 avril et le 25 avril, soit une avance d’environ 5 à 10 jours sur la date de floraison (+ 100 à 155°J à rajouter) par rapport à un semis du 1er mai, permettant à ce jour l’expression de grands gabarits pour les plus précoces dans les situations non limitantes. À l’inverse, les semis du 10 mai accusent un retard de 110°J par rapport au 1er mai et donc n’ont pas encore atteint le stade floraison. Ils sont également pénalisés par les récoltes de dérobées qui ont pompé les réserves d’eau avant exportation. De même, les situations où le désherbage a été mal contrôlé sont directement impactées en termes de développement végétatif, les feuilles du bas jaunissent déjà du fait de la concurrence.
Identifiez la date de floraison femelle pour déterminer la date de récolte probable, avec le repère de l’année 2018
À partir de la date de floraison quand 50 % des épis présentent leurs soies, il faut alors de 550/700°J b6 cumulés, dans des conditions normales, pour les hybrides très précoces à demi précoces, pour atteindre les 32 % MS en maïs fourrage (soit 45 à 60 jours) et 730 à 800°J b6 en maïs grain à 35 % d’humidité (1). Cela ne préjuge en rien l’effet d’un déficit hydrique durant l’été qui peut accélérer le cycle et la maturation des grains, et aussi avoir un impact sur le rendement grain en particulier.
Quelle incidence d’un stress hydrique autour de la floraison du maïs ?
Deux semaines avant floraison, l’impact du stress hydrique se marque sur le nombre de rangs par épi, la longueur de l’épi (et le nombre d’épis par plante). Après floraison, les stress hydriques engendrent une diminution du nombre de grains par épi (bouchons), et lors du remplissage des grains, une baisse de PMG. Ces dernières années ont été marquées par des étés secs. C’est pourquoi les semis sont en général plus précoces quand la situation le permet comme cette année, et en particulier à l’est, en sol plus superficiel, pour limiter l’impact de ces déficits hydriques estivaux. Rendez-vous pour un nouveau point sur le maïs après la mi-août.
Paille : des rendements en berne
Les première récoltes de paille confirment les pronostics des moins optimistes... La proportion de perte de rendements suivrait celle du blé avec une tonne à une tonne et demie de moins par hectare. En Ille-et-Vilaine, le syndicalisme s'organise pour faire face à la pénurie, notamment dans les élevages laitiers.
"Nous évaluons une perte de rendements en paille de l'ordre d'un peu plus d'une tonne par hectare, ce qui est cohérent avec les résultats du blé. Même si toutes les récoltes ne sont pas terminées, la tendance est là", estime Christian Mochet, producteur de lait à Servon-sur-Vilaine et membre de la FDSEA 35. Très local, le marché de la paille peut vite être en tension si les mauvaises années s'enchaînent.
La diversité des exploitations : une chance
En Bretagne, la diversité des exploitations, notamment porcine et laitière permettent aux uns de vendre leur paille aux autres. Des transactions effectuées au sein du voisinage pour éviter les frais de route. "Si parfois des échanges locaux pouvaient suffirent, cette année nous allons devoir demander de la paille aux régions céréalières (Sarthe, Grand Ouest parisien...) pour pallier le manque. Ces déplacements ont un coût important au vu du nombres de camions nécessaires pour combler la demande", explique l'agriculteur. Reste que ce manque de paille augmente nettement le coût de production, notamment dans les exploitations laitières. "Ce manque à gagner n'est pas récupérable, or les vaches ont besoin de ce confort", précise Christian Mochet.
Des prix régulés
Les FDSEA bretonnes s'organisent pour proposer des camions de paille aux exploitants. "La FDSEA 35 propose des opérations paille depuis longtemps. Lors de ces achats, le syndicalisme a le soucis d'intervenir pour moraliser le prix", soutient l'éleveur. Il explique : "la FDSEA ne prend aucune marge pour l'organisation de ses opérations paille, ce sont en partie nos cotisations qui servent à payer cette différence". Un choix assumé qui permet de faire pression sur l'ensemble des négociants qui appliquent alors ces formules de prix à l'ensemble de leurs clients. Pour le syndicaliste, il est "essentiel de conserver une diversité de production sur le territoire. Cette complémentarité est importante car elle permet à chacun de pouvoir conforter son activité principale même en cas de difficulté météorologique". / Hélène Bonneau