Economie : "Attraper le train en marche du nouveau monde"
Philippe Dessertine - invité de Cerfrance Côtes d'Armor mardi 27 septembre au Parc des expos de St Brieuc - a partagé son analyse de la situation économique. Face aux dangers qui planent sur l'économie, une porte de sortie : l'acceptation des nouvelles mutations. En France, le changement, c'est tout de suite.

L'économiste et professeur d'université, Philippe Dessertine, connu pour ses interventions dans les grands médias, a dressé sans surprise un tableau noir de notre conjoncture immédiate devant les 600 invités de la conférence débat. Selon lui, au moins trois sorcières nous poursuivent : le Brexit, la stratégie de Mario Draghi et la question des matières premières. Drôle, captivant, plutôt optimiste, comme dans beaucoup d'histoires, l'économiste a choisi toutefois une conclusion positive vantant le changement, les nouvelles technologies et la jeunesse.
Trois sorcières : Brexit, taux négatif, matières premières
Trois phénomènes dangereux pèsent aujourd'hui sur l'économie des pays occidentaux. Le premier, celui du Brexit. "Le Brexit est mauvais pour les britanniques et le reste du monde", indique l'économiste. Ce dernier y voit un esprit de fermeture où le problème finalement se résume à "l'autre". D'un point de vue économique, l'avancée du protectionnisme n'est pas un bon signe, avec pour conséquence un effondrement du commerce international, autrement dit une baisse des exportations. "Pour la première fois depuis très longtemps, la croissance mondiale n'augmente plus", indique Philippe Dessertine, rappelant un épisode similaire en 1930 avec la première crise du capitalisme. "Aujourd'hui, nous avons le même type de réaction que nos grands parents et arrière grands parents".
Second sorcier : Mario Draghi, le gouverneur de la banque centrale européenne. Une stratégie des taux d'intérêt négatif est en place, qui consiste à taxer par le taux de dépôt négatif, les excédents de réserves des banques auprès de la banque centrale. "Notre croissance est attachée à cela : piloter l'avion sur le dos. Il faut remettre l'avion sur le ventre, sinon nous allons percuter la montagne", indique de manière imagée et résumée l'économiste.
Enfin, troisième sorcière, celle des matières premières. La déflation du prix du pétrole, conséquence de l'exploitation du gaz de schiste, est à la source de tensions géopolitiques extrêmement dures dans les pays émergents producteurs de pétrole, Russie, Moyen-Orient, Afrique (Nigéria)... où les conflits armés se propagent, responsables de catastrophes humanitaires. "Pour la première fois, l'Arabie Saoudite a découvert le déficit public", remarque Philippe Dessertine pour détentre l'atmospère.
Une porte de sortie
Dans ce tableau, selon l'économiste, il y aurait une lumière qui viendrait de"cette vague gigantesque" qu'est la remise en route depuis les années 2000 des sciences humaines. "La science moderne inonde l'économie !", affirme-t-il. Une révolution tout simplement est en marche. Les entreprises les plus riches du monde (500 milliards de dollars) s'appellent Apple, Google... Des sociétés d'un nouveau type naissent tel Blablacar ou Uber. Ces mutations déferlent sur la jeune génération que l'économiste ne cesse d'encenser, à l'inverse des générations précédentes. "En France, nous avons une forte tendance à l'angoisse, cette trouille nous l'a communiquons à nos jeunes, ils en sont imprégnés. Le problème en France, c'est que nous ne prenons plus de risques ! Nous sommes entre nous, entre vieux et les jeunes qui pourraient dynamiser, partent à l'étranger", reproche Philippe Dessertine, qui déplore une société française vieillissante, sans grand dynamisme. Or rattraper le train du changement, changer les règles, remettre le vieux château France sur les rails... cela peut aller très vite.