En 35 ans, que de changements !
Après 35 ans passés à la chambre d'agriculture, Robert Billant vient de faire valoir ses droits à la retraite. L'occasion de revenir sur les bouleversements qu'a connu l'agriculture.

Du porc aux légumes
Après un bac général, Robert Billant décide donc de poursuivre ses études à l'Esa d'Angers, où il décroche un diplôme d'ingénieur en 1970. Après une année de spécialisation en développement agricole, à Montpellier, il part en coopération en Algérie pendant 16 mois. "Avant la fin de mon contrat, j'ai pris contact avec la chambre d'agriculture du Finistère, où j'ai été embauché début 73". Il sera d'abord conseiller au GVA de l'Elorn avant de rejoindre Saint Renan. "Du porc, je suis passé aux légumes de la Pointe Saint Matthieu : chou-fleur et pomme de terre primeur".
En 1990, les services de la chambre d'agriculture se regroupent en comités de développement et les conseillers se spécialisent au sein de filières départementales : Robert rejoint alors Brest et l'équipe agronomie-cultures. "J'ai commencé par me charger des protéagineux : après la mise en place des quotas laitiers, la conjoncture était porteuse pour le pois, qui a pratiquement disparu après la mise en place de la réforme de la Pac et une récolte catastrophique en 1991".
Actions collectives et contrats individuels
En 2005, au moment de la régionalisation de la recherche appliquée, Robert rejoint à mi-temps le pôle agronomie-cultures, où il se charge de l'aspect variétés, et consacre l'autre mi-temps à l'animation et au développement. Aux côtés des actions collectives, formations, portes ouvertes, visites de parcelles, actions mises en place sur les bassins versants..., le conseiller cultures se charge aussi de dossiers individuels. "Il s'agit de contrats de suivi des cultures, avec 5 à 6 visites échelonnées sur l'année, qui permettent de définir l'assolement, réaliser les analyses de terre, choisir les variétés, les doses et la période de semis, puis de raisonner le désherbage, les apports d'azote, les fongicides...".
Ces agriculteurs, qui ont fait le choix d'un suivi par la chambre d'agriculture, cherchent avant tout à garder une indépendance plus forte vis-à-vis de leur fournisseur. "Ils veulent maîtriser les coûts, tout en minimisant les risques". Car, après la récolte, le suivi s'achève par un calcul de la marge et une comparaison avec les analyses de groupe établies par les centres comptables.
Réduire les intrants
"Un des intérêts de ces suivis, mis en place dès le début des années 90, a sûrement été d'initier la réduction des intrants, qu'il s'agisse des doses de semis, d'herbicides, de fongicides ou de la fertilisation", estime Robert Billant. Avec, à la clé, des économies sensibles pour l'agriculteur... et pour l'environnement. "Ce suivi nous permet aussi une bonne connaissance de l'état de la végétation et des besoins de protection des cultures, des informations indispensables pour rédiger les flash-infos".
Après une vie professionnelle qu'il juge volontiers "passionnante", tant les choses ont bougé, "les éleveurs ont redécouvert les cultures, les structures ont grandi, les contraintes environnementales n'ont cessé de progresser", Robert Billant s'apprête à tourner la page en toute sérénité. Et, entre les parents qui vieillissent et les enfants qui grandissent, les occupations ne manqueront pas. "Nous allons aussi prendre le temps de voyager et réactiver notre réseau de relations qui, comme nous, arrive à la retraite : ce sera l'occasion de faire des choses ensemble". Sans oublier les randonnées et le footing !