En baisse : la qualité des eaux littorales
En matière d'assainissement, il est temps de réinvestir, estiment de concert Etat, Région et Conseil général. Pas de quoi hisser le pavois bleu. La qualité bactériologique des eaux du littoral se dégrade et le phénomène inquiète, notamment les conchyliculteurs, tributaires pour leur métier de son classement. Ils l'ont redit, lors de leur 30e salon national, à Vannes.

Le préfet Jean François Savy a enjoint les collectivités, notamment communautaires à s'investir dans les travaux de réhabilitation des réseaux d'assainissement, collectifs ou non.

"La qualité des eaux littorales est déterminante pour l'avenir de notre profession, c'est valable pour la pêche et l'ensemble des activités de bord de mer, y compris le tourisme", met en garde Philippe Le Gal, président du CRC, Comité Régional de la Conchyliculture de Bretagne sud. "L'eau de qualité est notre outil de travail, on ne la maîtrise pas !". Alors qu'une surmortalité des jeunes huîtres compromet depuis 2010 l'activité de nombreuses entreprises ostréicoles, l'amélioration de la qualité bactériologique des eaux marque le pas. Pire, "elle régresse depuis le début des années 2000. Malgré les efforts, on n'arrive pas à enrayer le phénomène", déplore Romain Chauvière du Conseil général du Morbihan, à l'initiative de cette conférence, le 17 septembre à Vannes. Les collectivités ont des obligations qu'elles "respectent globalement", relève la DDTM même si "cela déborde par temps de pluie". La situation alarme. Quatre sources de pollution empoisonnent le rivage, "l'assainissement collectif et ses défauts de collecte, le réseau pluvial avec des raccordements sauvages de particuliers, 20 % seraient non conformes, l’assainissement non collectif et l'agriculture avec des sièges d'exploitations qui ne seraient pas aux normes ou des troupeaux divagants dans les cours d'eau", énumère l'intervenant.
Manque d'investissements et inertie
Reste que cette détérioration ne rassure personne. Ni le préfet du Morbihan venu dire haut et fort "j'ai limité le déclassement des eaux, je ne pourrai pas continuer longtemps comme ça", enjoignant "fermement" communes et communautés de communes à prendre leurs responsabilités. Comment ? "En s'engageant sur des programmes d'assainissement et des calendriers". Message on ne peut plus clair sur l'urgence à agir pour limiter les risques de contamination. Car les moyens sont là. État, Région et Département les ont listés. Mais certains, financiers, restent dans les tiroirs ! "Sur les enjeux littoraux en lien avec la qualité bactériologique nous n'avons pas eu une demande cette année dans le Morbihan", s'étonne encore la représentante du Conseil régional qui a traité, en 2014, 180 dos- siers dont 91 pour le seul assainissement (3,5 millions d'euros). Même constat coté Département sur les près de 9 millions inscrits pour l'eau (dont 8 pour l'assainissement). "On constate un trou d'air dans les investissements en 2014, surtout en matière de réhabilitation des réseaux et branchements, y compris non collectifs", regrette le Conseil général.
Nécessité d'agir
Arbitrage ? Attentisme lié aux inquiétudes sur les transferts de compétences à venir ? "Il y a nécessité impérieuse à poursuivre les réhabilitations", s’accordent à dire tous les participants. "Je suis effaré du constat", relève Sébastien Le Moine, ostréiculteur et président de l’association Cap 2000. "Nous restons calmes et vigilants mais il va falloir que ça avance, vite", mettra-t-il en garde, relayé par Luc Foucault, maire de Séné, commune littorale. Car pour l'édile, la prise de conscience "doit être partagée par tous les élus du territoire. La question de la capacité d'accueil et de l’assainissent sont au cœur du Scot. On doit s'y employer. La compétence assainissement doit être communautaire avec des leviers pour agir rapidement".
Derrière les intentions, resteront les actes y compris sur le respect du principe "amont-aval", avec pour seul baromètre l'amélioration de la qualité des eaux.
Habitat, la côte a la cote |
Le CRC, Comité Régional de la Conchyliculture de Bretagne sud représente, depuis la presqu’île de Crozon, Finistère, jusqu'au Croisic en Loire Atlantique 422 entreprises conchylicoles qui s'étendent sur 5 729 ha de concessions exploitées à 86 % par des entreprises de la région. Le Morbihan avec ses 336 entreprises sur 4 650 ha regroupe 92 % des surfaces de Bretagne sud. Dans ce même département, la moitié de la population habite dans les 65 communes qui bordent son littoral concentrant 46 % des capacités d'épuration départementales, 50 % du linéaire de réseau de collecte et 60 % des postes de refoulement. |