Haut-Corlay : La Cuma du Moulin à vent tourne depuis 50 ans
Une des premières Cuma créées dans le département a dépassé le cap des 50 ans. Au Haut-Corlay, les onze adhérents de la Cuma du Moulin à vent cultivent un esprit collectif… et durable.

Le 1er juin 1962 les statuts de la Cuma du Moulin à vent étaient signés. Le jeune Marcel Corman, de retour d'Algérie, prépare non seulement son installation sur une ferme de 22 hectares au Haut-Corlay mais aussi les conditions d'accès à une mécanisation à moindre coût, de type associatif. Formé par la JAC, il met sur pied la Cuma du Moulin à vent avec le concours de René Allo. Une équipe de 6 adhérents s'engage alors sur une période de 30 ans, avec 156 hectares de surface totale, soit 26 hectares de moyenne. La Cuma s'équipe de tout le matériel nécessaire aux travaux du sol : tracteur, charrue, épandeur à fumier, presse à foin, crover crop, semoir. Le premier tracteur, un 55 cv Fordson super mat, arrivera dans la Cuma en août 1962.
Aux premiers temps de la mécanisation, la démarche est réellement novatrice, plus encore avec l'embauche d'un chauffeur dès la création. "Certains avaient la crainte d'aller dans un tissu associatif. A l'époque, on ne donnait pas cher de nous ", se souvient Marcel Corman. Mais sur la commune, cet esprit collectif fera des petits puisque trois autres entités ont vu le jour depuis. La jeune génération reprend aussi le flambeau. "Sur les trois jeunes installés dans la commune, deux sont en Cuma", précise son président Olivier Le Milbeau.
Une organisation pérenne après 5 décennies
Le temps a passé. En 50 ans, surface et adhérents ont été multipliés par deux. En 1992, Jean-Pierre Le Bihan succède à Marcel Corman. En 2010, Olivier Le Milbeau, l'actuel président prend le relais. Aujourd'hui, onze adhérents forment une équipe soudée sur 685 ha. Quatre d'entre eux sont membres fondateurs ou successeurs. La Cuma emploie deux salariés (dont un à 80%) et facture 2 100 heures. Equipée de trois hangars, la Cuma s'est dotée de deux tracteurs et de tout le matériel nécessaire au travail du sol, excepté le matériel de récolte et le pulvérisateur.
Ce mode d'organisation, chacun l'a fait sien et s'en réjouit. Outre la convivialité et les échanges techniques de cette bonne équipe, "grâce à la Cuma, nous ne travaillons pas beaucoup la terre mais surtout nous n'avons pas besoin d'investir dans le matériel. C'est un atout pour une petite exploitation de pouvoir accéder à un matériel aussi performant, acheté en générale par de grosses structures", remarque Jean-Pierre Le Bihan. D'autant qu'en trente ans, le coût à l'hectare est resté pratiquement stable à "230-250 €/ha, amortissement compris".
Bien sûr, il faut savoir faire quelques concessions qui découlent de ce mode de fonctionnement : ne pas avoir le matériel sous la main au moment choisi ; passer du temps à discuter de l'intérêt de telle ou telle option ; s'afficher à la coopérative avec son "petit" tracteur d'élevage…. "C'est un peu les palabres à l'africaine car les décisions se prennent à l'unanimité", décrit Jean-Jacques Le Lay, en charge des facturations. Mais ici, on est en terre "cumiste". "Les Cuma du secteur savent s'organiser entre elles pour les semis au moment des coups de bourre. Il y aussi une bonne entente avec les ETA", conclut Marcel Corman.