2 000 cochons s’envolent de Brest vers la Chine
Son cheptel décimé par la fièvre porcine africaine, la Chine se tourne vers la génétique française pour repeupler ses élevages. Mardi et mercredi, 2 000 reproducteurs ont quitté l’aéroport de Brest en direction de la province du Chanxi, à l’est de Pékin.

Le Boeing 747 vient à peine de se poser sur la piste de l’aéroport de Brest Bretagne que déjà d’immenses caisses en bois sont acheminées sur le tarmac depuis un hangar à l’écart de l’aérogare. Arrivés le matin même en provenance de l’élevage de quarantaine, dans le Morbihan, les 1 000 cochons y ont pris place, disposés sur trois étages grâce à une rampe fabriquée sur-mesure... Une logistique impressionnante, dupliquée le lendemain, avec un second avion.
Depuis 2017
"Nous avons l’habitude", explique Laurent Poussart. Directeur de Celtic freight consulting, il est spécialiste du transport aérien d’animaux vivants : chevaux, vaches, chèvres... Et travaille depuis 2017 avec l’aéroport de Brest Bretagne qui a profité de sa piste de 3 800 mètres, capable d’accueillir les plus gros porteurs, pour développer un vrai savoir-faire en la matière et se doter d’équipements spécifiques. "L’avion est adapté au transport de marchandises fragiles, précise Loïc Abjean, directeur d’exploitation de l’aéroport Brest Bretagne. Produits pharmaceutiques, légumes, fleurs mais aussi animaux vivants".
Spécialiste de la génétique porcine, Axiom exporte ses reproducteurs dans 40 pays et est un habitué de la Chine, où deux collaborateurs y sont basés depuis plus de dix ans. "Le pays n’a pas de génétique propre et fait appel à des entreprises extérieures, explique Marie Pushparajalingam, directrice du développement et de la stratégie internationale. Nous y avons une très bonne image. Les Chinois apprécient la productivité et la qualité de viande de nos porcs".
La peste porcine accélère les commandes
Pour Axiom, 2019 a été une année calme en matière d’exportation de reproducteurs vers la Chine. "Le pays cherchait comment reconstruire ses élevages, suite à l’épisode de peste porcine. Et il a fait le choix de privilégier les élevages industriels, de 2 à 5 000 truies, où il est plus facile d’assurer la biosécurité". Mais 2020 s’annonce déjà comme exceptionnelle. "Nous y expédions habituellement 2 à 4 000 porcs par an. Cette année, ce sera 8 000 voire 10 000, la peste porcine ayant accéléré les commandes". Et Brest sera à nouveau choisi, plutôt que Vatry, en Champagne. "C’est une opportunité pour le bien-être animal, l’empreinte carbone et la réduction des coûts, puisque notre quarantaine se trouve dans le Morbihan, à deux heures de camion de Brest", détaille Marie Pushparajalingam.
Choisis un par un
Concrètement, une délégation chinoise se déplace en France et fait le tour des élevages d’Axiom, pour y choisir, un à un, les reproducteurs dont elle a besoin. Et le protocole sanitaire est établi par la DGAL et son équivalent chinois. Deux prises de sang sont effectuées, avant le départ en quarantaine puis 30 jours plus tard, à la fin de celle-ci. "Et un vétérinaire chinois est présent durant tout ce temps". Une fois en Chine, une seconde quarantaine est également prévue, à nouveau de 30 jours.
"La biosécurité a toujours été un sujet, affirme Laurent Poussart. Le coronavirus nous a juste obligés à ajuster un peu nos procédures". Ainsi, les avions effectueront une escale de 2 heures au Kazakhstan, un pays indemne de peste porcine. "On en profitera pour changer d’équipage. Depuis l’épidémie, ils ne veulent plus dormir en Chine et préfèrent effectuer l’aller-retour dans la journée".