Pigalys en assemblée générale
Initia bientôt coopérative de 4 millions de porcs
La crise dure alors qu'elle ne le devait pas. Production non soutenue, mauvaise répartition des marges, absence de soutien politique ont dénoncé les responsables de Pigalys lors de leur assemblée générale, vendredi dernier à Vannes. Ils ont donné quitus pour la métamorphose d'Initia en coopérative. Poids 4 millions de porcs.


"C'est désespérant", s'est exclamé le médiatique économiste Michel Godet sur le contexte de crise porcine largement évoqué lors de l'assemblée générale du groupement Pigalys, vendredi matin à la halle Kéranguen de Vannes. "Mais pour autant, le jeune qui s'installe tout les 15 jours n'est pas suicidaire, c'est donc qu'il y a des perspectives" a-t-il rebondi, quand est venu son tour de s'exprimer sur l'agriculture face aux mutations qui l'attendent. Puisse t-il faire remonter aux oreilles d'un pouvoir, dont il semble avoir l'écoute, tonalité et constats dressés lors de l'assemblée générale d'un groupement fort de ses 800 éleveurs et de ses 1 850 000 porcs charcutiers produits.
Les performances techniques mais
"Depuis 30 mois que dure cette crise, cela fait 26 mois que l'éleveur moyen ne gagne plus rien", constate avec force Fortuné le Calvé, co président de l'union Pygalys. "On ne peut pas reprocher aux paysans d'avoir arrêté de travailler" poursuit –il. Pour Preuve Alain Le Gléau, son homologue, pointe l'amélioration des performances techniques notamment en GTTT avec la productivité numérique qui ne cesse de progresser, franchissant pour nombre d'élevages la barre des 30 porcelets sevrés par truie. Même résultats satisfaisants en GTE confortés par une baisse des pertes en sevrage, un indice de consommation stable et une amélioration des croissances tout en contenant l'indice…"Nous n'avons rien écarté en marge de progrès, ni le bâtiment, ni le sanitaire".
Pourtant la fin de cycle espéré n'est pas venue plombée par la flambée des charges. Pourquoi ? "c'est l'analyse la plus complexe à faire depuis bien longtemps", reconnaît Jean Pierre Joly du Marché du Porc Breton rappelant que la baisse de production annoncée elle est bien là, avec des prix de porcelets qui se sont envolés de 40 %. "L'offre faible finira bien par agir sur le marché". En attendant il suggère à la grande distribution "de faire moins de marge et plus de volumes".
"Notre ennemi N° 1, la grande distribution"
Sortir de la crise mais quand ? "Nous sommes étranglés, résister mais jusqu' où ?"s'interrogent les producteurs. Les abatteurs sont montrés du doigt. "Je ne leur en veux pas, ni à nos salaisonniers, la grande distribution leur ferme le clapet", rétablit Fortuné Le Calvé pointant les 19 centimes de marge dégagés pour l'ensemble de la filière amont en 2008 contre 2,55 euros pour la distribution. "Sur la 1,2 tonnes vendue par la salaison en moyenne à 4, 80 euros, la revente s'est faite par la grande distribution à 8,70 euros", déplorent les responsables. "Avec 30 à 40 cts de marge bien partagée on vivrait tous correctement". Le partage des marges, le directeur du MPB n'y croit guère, "il faut prendre le pouvoir, le prix amont fera tout le reste" défend t-il. Le mouvement de massification entrepris au sein de l'Union des producteurs semble être un levier. Après la création Initia, groupement de services agrégeant LT, Corfimad, Poraven , Pigalys et Terrena (soit plus de 4 millions de porcs), les producteurs de Pigalys ont acté pour sa métamorphose en coopérative. Reste à chaque groupement de se prononcer sur un projet coopératif "indépendant et libre"dont l'ambition est d'être leader. Dans un contexte offrant peu de visibilité, restructuration et massification continuent à opérer.
Claire le Clève