Installation lait : la profession tire la sonnette d'alarme
Si le nombre des installations en 2015 reste sur la même veine que 2014, la typologie des projets laitiers changent. L'augmentation de la taille des structures inquiètent la profession qui appelle à la prudence.

Dans les Côtes d'Armor, le nombre d'installations aidées en 2014 et 2015 seront similaires, sans baisse notable du nombre d'installations. Après une réduction importante des installations aidées, les chiffres sont stables depuis 3 à 4 ans autour de 120 installations par an. "En 2015, nous serons sur les mêmes chiffres 2014", confirme Karl Pierret, conseiller Installation-Transmission à l'Odasea 22. Près de 60 dossiers ont été agréés avant l'été en CDOA ; l'équivalent sera validé d'ici la fin de l'année. Les effets de la crise sur les chiffres ne sont pas encore palpables. Les répercussions seront visibles en 2016. "Il faut compter un an entre le lancement du projet et sa concrétisation, les installations 2015 correspondent à la période favorable de 2014 en lait", précise Karl Pierret. Paradoxalement, la demande d'informations auprès du Point accueil installation, basé à la chambre d'agriculture, ne faiblit pas. "Le téléphone continue à sonner", remarque-t-on à l'Odasea. Le nombre des appels seraient identiques à l'an dernier.
De gros projets en lait
Autre fait marquant : la fin des quotas laitier a fortement modifié la typologie des projets d'installation. La moyenne des installations, en élevage spécialisé lait, atteint 139 % du PAD. L'Odasea signale des projets à plus d'un million de litres de lait. "Quand on passe de 450 000 litres à un million de litres de lait, plus la construction d'un bâtiment neuf, sans rentabilité économique évidente, cela nous inquiète un peu", alerte Lucile Habert de l'Odasea. Même inquiètudes du côté du syndicat des Jeunes agriculteurs. "Il est dommage que des jeunes ne raisonnent que par le volume. Il faut rester sur des projets à taille humaine cohérents, ne pas foncer tête baissée", interpelle Sébastien Rouault, président de JA 22, qui conseille une bonne réflexion autour du point d'équilibre, des investissements et des relations commerciales.
Une enquête de la chambre régionale d'agriculture a étudié la trajectoire "installation avec regroupement. "Reprendre une ferme de 250 - 300 000 € pour y mettre 40 génisses et refaire un bâtiment neuf à côté : comment être rentable ? Avec la reprise, le jeune prend deux coups de bambous", partage Mathieu Merlhe de la Crab. "Mieux vaut optimiser l'existant et garder une éparge de précaution pour passer la crise".