La betterave fourragère ? Dépassez les idées reçues !
Utilisée depuis l'Antiquité pour nourrir le bétail, la betterave fourragère a connu un nouvel essor avec l'arrivée des variétés monogermes puis la mécanisation de la récolte et de la distribution. Une visite d'essai variétal, la semaine dernière à Poullaouen (29), a permis de faire le point sur une culture "dans l'air du temps".


"Autonomie fourragère, diminution des coûts de production, meilleure santé des animaux... : la betterave est un fourrage dans l'air du temps, affirme Alexandre Carré, animateur de l'ADBFM, l'association pour le développement de la betterave fourragère monogerme. Et avec un rendement de 90 à 120 tonnes de racines, on dépasse les 20 000 UFL/ha". Mais les clichés ont la vie dure et nombreux sont les éleveurs qui n'osent pas franchir le pas, la betterave passant encore pour une culture peu mécanisée, à la conservation et à la distribution compliquées.
La conservation se prépare dès le semis
C'est pour faire le point sur cette culture que la chambre d'agriculture du Finistère et la coopérative Clal Saint Yvi ont organisé une visite le 4 octobre dernier chez Michel Cras. "Le semis peut s'effectuer plus tôt que pour le maïs, quand les températures atteignent les 7°C", indique Alexandre Carré. "Ici, il a été réalisé au 25 avril, à 105-110 000 pieds/ha", détaille l'éleveur de Poullaouen. Une densité élevée, qui donnera des rangs et des racines homogènes, une condition indispensable pour un effeuillage plus régulier et une meilleure conservation en tas.
"Et, comme en betteraves sucrières, il existe maintenant des semences activées", explique Alexandre Carré. Les graines, prégermées, sont bloquées par l'enrobage, pour un gain à la levée d'une quinzaine de jours. "La levée est plus régulière, le champ plus homogène et les plantes vont couvrir le sol plus vite, ce qui permettra de limiter le désherbage".
Un faux semis, deux désherbages
"Un mois avant le semis, j'apporte 45-50 m³ de fumier et 35 m³ de lisier de bovin, mélangé à 2 tonnes de fientes de poulettes. Puis je réalise un faux semis", poursuit Michel Cras. La culture nécessite habituellement deux désherbages, au stade deux vraies feuilles puis une semaine plus tard, le temps que la végétation couvre bien le rang. "Pour éviter la maladie du cœur noir, un apport de bore foliaire est indispensable". Enfin pour une bonne conservation en tas, la récolte doit s'effectuer quand les feuilles de la base du collet sont désséchées.
Un large choix de variétés
Les variétés de betteraves sont classées en trois catégories. Avec seulement un tiers de la racine dans le sol, les fourragères sont bien adaptées au pâturage. Et leur faible taux de matière sèche, moins de 12 %, permet de les distribuer entières aux animaux alors que les fourragères-sucrières, entre 12 et 16 % de MS, et les sucrières-fourragères, à plus de 16 %, beaucoup plus dures, doivent impérativement être hachées au godet désileur ou à la mélangeuse avant d'être distribuées aux bovins. "Mais elles permettent d'améliorer le rendement UF à l'hectare, indique Alexandre Carré. Et il y a moins de risque de dégradation au silo".
Autre critère à prendre en compte : l'absence de sillon saccharifère limite la terre ramenée à l'auge. "Mais ce n'est pas cette terre qui provoque des butyriques car il n'y a pas de fermentation lors de la conservation des betteraves, précise aussitôt Alexandre Carré. La fermentation se produit lors du contact avec d'autres aliments à l'auge, d'où l'importance de bien la nettoyer régulièrement". Et l'on trouve désormais des variétés tolérantes au rhizoctone brun.