La CFDT informe les travailleurs détachés roumains et bulgares
Pour que les travailleurs détachés puissent, eux aussi, faire respecter leurs droits, la branche agroalimentaire de la CFDT les informe. Chez eux, avant qu'ils ne partent travailler à l'étranger. Puis sur leur lieu de travail.

"Nos actions ont démarré en 2012 en Poitou-Charente", se souvient Hélène Deborde, secrétaire nationale FGA, la branche agroalimentaire de la CFDT. À l'époque, les travailleurs détachés, en provenance d'un autre pays de l'Union européenne, sont légion. Et, bien souvent, leurs droits sont bafoués : logement indigne, heures supplémentaires non payées, agences véreuses... "Cette situation nous a poussé à organiser un colloque sur le sujet en 2013", rappelle Jean-Luc Feillant, secrétaire général de la FGA-CFDT dans le Finistère. Les députés Chantal Guittet et Richard Ferrand y participent et porteront ensuite un amendement sur les amendes administratives, qui peuvent désormais frapper les entreprises faisant appel à des travailleurs détachés.
Faire respecter leurs droits
Deux ans plus tard, le syndicat va encore plus loin, en prenant contact avec Podkrepa, un syndicat bulgare, et en se rendant sur place, afin d'échanger avec les candidats au travail détaché. "Nous voulions les informer sur leurs droits avant qu'ils ne viennent en France". Une fois la saison commencée, la CFDT est à nouveau allée à leur rencontre, cette fois en France, et a aidé ceux qui le souhaitaient à intenter une action en justice contre l'entreprise bulgare qui les détachait. "Et les entreprises françaises qui les faisaient travailler ont dû payer des amendes administratives, affirme Jean-Luc Feillant. De quelques centaines d'euros à plus de 200 000 €".
Des embauches directes
"Faut-il y voir un lien avec nos actions, toujours est-il que les travailleurs détachés ont quasiment disparu", constate Hélène Deborde. Désormais, l'embauche se fait en direct, entre salarié et employeur. "Mais le contrat est rédigé en français, une langue qu'ils ne parlent pas". La FGA-CFDT s'est donc à nouveau rendue en Bulgarie, où elle a rencontré plus de 200 candidats au départ. Et, du 19 au 21 mars dernier, une délégation de Podkrepa est venue dans le Finistère. "De plus en plus de nos compatriotes nous sollicitent, se félicite Anelia Ivanova, la présidente de la fédération des salariés de l'agriculture et de la forêt de Podkrepa. Au fil du temps, des liens de confiance se tissent. Et ils sont mieux informés, mieux à même de se défendre".
Des tracts en bulgare et en roumain
"Lorsqu'ils travaillent en France, c'est le droit français du travail qui s'applique, indique Jean-Luc Feillant. Nous leur avons donc distribué des tracts en bulgare leur rappelant leurs droits : salaire horaire minimum, différence entre brut et net, majoration des heures supplémentaires, convention collective... Et nous leur avons indiqué les numéros de téléphone de la CFDT, de la MSA d'Armorique, où ils sont affiliés le temps de leur présence en France, et de l'inspection du travail". Ces tracts ont également été traduits en roumain, cette nationalité étant nettement plus présente dans le Finistère en ce début d'année. "Cette fois encore, nous avons repéré quelques manquements au droit du travail, notamment des licenciements abusifs. Et nous attendons les bulletins de salaire, afin d'être sûrs que toutes les heures supplémentaires ont été payées".
"Nous ne sommes pas contre le travail détaché, tient à préciser Hélène Deborde. Nous voulons simplement informer les salariés de leurs droits, afin qu'ils soient respectés et lutter à notre façon contre le dumping social". "Il y a des employeurs sérieux, rajoute Jean-Luc Feillant. Ils doivent servir d'exemple aux autres".