La chambre régionale d'agriculture appelle à l'unité bretonne
Les décisions de la PAC sont
maintenant franco-françaises.
Pour limiter l'hémorragie
des aides et imposer leurs
propositions, les élus de la
chambre d'agriculture demandent
un front commun pour une cause
commune. Celui de l'élevage.

de Bretagne, à l'heure des débats français sur la PAC.
L'accord sur la PAC le 26 juin dernier a lancé les négociations au niveau national. Car la PAC laisse beaucoup de marge de manoeuvre aux Etats membres qui devront se positionner avant la fi n 2013 sur la fl exi- bilité entre piliers et jusqu'au 1er août 2014 sur le reste. Le risque pour la Bretagne et ses éle- veurs est de voir fi ler, dans le pire des cas, 120 millions d'euros d'aides dans le phéno- mène de convergence nationale, à laquelle la Bretagne contribuera fortement. A moins que ne soient appliqués d'autres dispositifs. Or dans la nouvelle architecture du paie- ment direct, l'enveloppe nationale reposera sur un budget contraint, avec pour variable d'ajustement le paiement de base, quand le paiement vert représentera 30% de l'enve- loppe des Etats membres. Lors de sa session le 5 juillet dernier à Mûr- de-Bretagne (22), la chambre régionale d'agriculture de Bretagne, a énoncé sa stra- tégie : maintenir une régulation publique des marchés la plus importante possible, renforcer l'accès des agriculteurs bretons au second pilier et bien évidemment, atté- nuer au maximum l'impact négatif de la convergence des aides. Dans la boîte à dis- position des Etats membres, les profession- nels bretons ont optimisé l'assemblage des outils. Après avoir testé toutes les combi- naisons possibles, ils demandent dans une délibération : - de se limiter à une convergence partielle à 50% pour éviter la baisse brutale du mon- tant des aides découplées. - doubler le montant de l'aide de base sur les 50 premiers hectares de SAU des exploitations. - introduire une aide couplée à la vache lai- tière, conditionnée à une obligation d'adhé- sion des producteurs à une OP/AOP. - utiliser la possibilité de mettre en place un paiement vert individualisé, proportionnel à l'aide de base.
Une seule tête
A l'heure du débat franco-français, les échanges entre régions seront vifs. Les élus de la chambre d'agriculture de Bretagne, à la veille des congés d'été, n'ont pas manqué de sonner le rassemblement des troupes bretonnes (et plus). "Nous avons intérêt à tout faire pour que la Bretagne perde le moins possible. Unis, nous avons des chances de peser. Nos collègues céréa- liers ne font qu'une ligne et depuis bien longtemps !", prévient Jacques Jaouen, le président de la chambre régionale d'agri- culture. Cet appel à l'unité auprès des ins- tances gouvernementales est également défendu par Olivier Allain, président de la chambre d'agriculture des Côtes d'Armor, qui souhaite, après cette première étape franchie, voir les discussions franco-fran- çaises aboutir à la préservation de l'éle- vage en Bretagne. "Le moment que l'on vit est très important. Les éleveurs nous regardent. Laissons tomber les querelles de clochers entre structures. Si le ministre de l'Agriculture voit une région unie, son choix sera plus facile". A son tour, Michel Morin, vice-président du conseil régional, a validé les propositions de la profession (et est resté neutre sur l'adhé- sion obligatoire à l'OP) dans un souci de sauvegarde de l'emploi et de la valeur ajou- tée, avec pour argument le critère "actifs par hectare et par gain de productivité". "Il faut parvenir à ce que cette affaire soit possible nationalement. La convergence bretonne ne doit pas prendre l'emploi et la valeur ajoutée".
Emmanuelle Le Corre