AFAB
La fin du recul de l'aliment porc et volailles
Année atypique pour l'AFAB* qui, jeudi dernier à Ploërmel, lors de son assemblée générale a fait le point sur 2007 marquée par la fin de l'érosion des aliments porcs et volailles et l'envolée de l'aliment bovin contexte laitier oblige. Mais fortement impactés par la flambée du coût des céréales.

"Nous avons joué le jeu et su temporiser la répercussion de l'augmentation des céréales auprès des éleveurs notamment en porc, nous sommes au cœur de notre métier pour aider les producteurs". Chiffres à l'appui, Hervé Vasseur, président de l'AFAB décortique l'industrie des aliments composés bretonne. Dans l'assistance, siègent les représentants de 20 fabricants de groupes privés et coopératifs qui pèsent 85 % des tonnages produits en Bretagne sur 35 sites. Sur les près de 9 millions de tonnes d'aliment que la Bretagne a produit en 2007, 86,2 % l'ont été pour le porc et les volailles. C'est dire si l'arrêt du recul des fabrications sur ces deux secteurs importe et marque un cap. Plus 2,4 % en volailles et en porc, plus 11,1 % en bovins, "la Bretagne renforce nettement sa position sur le marché français des aliments" souligne le directeur de CECAliments à St Allouestre. Et sans la reprise de la consommation des viandes et le dynamisme du poulet, cette évolution n'aurait pas été au rendez vous, avec une belle croissance de 12,4 % du poulet de chair, qui devient n° 1 devant la dinde. "La volaille a réussi a répercuter la hausse des coûts de production", contrairement au porc. La progression de porcs charcutiers s'est traduite par près de 4 % d'augmentation du marché de l'aliment, qui constitue 60 % du coût de revient pour des producteurs dont l'amélioration constante des performances techniques et de la productivité sont totalement rognés par la dégradation de la marge sur le coût alimentaire. Idem en lapin dont le marché s'effondre de 9 %.
Aliment bovin, la reprise en lait, inquiétude en viande
L'augmentation des concentrés dans la ration alimentaire des bovins lait a été un levier généralisé pour répondre l'augmentation du quota laitier alloué en fin de campagne. Cela s'est traduit par une hausse de plus de 11 % du marché de l'aliment, "les fabricants ont répondu immédiatement à cette demande" poursuit Hervé Vasseur. Coté viande, L'Union Européenne est déficitaire en viande bovine depuis 2003. Elle est passée de 24,8 à 18 millions de têtes en mais 2007 marque le pas avec une légère progression du cheptel bovin de 0,5 % qui n'était pas intervenue depuis 16 ans. En France, la production de gros bovins repart à la hausse de 0,5 %. Une progression timide. Trop timide pour un marché hexagonal en déficitaire de plus 410 000 T sur 1 650 000 tonnes consommées, est venu rappeler André Marchand, responsable relation élevages SVA du groupe Intermarché. Pour tenter d'inverser cette courbe, la marque aux mousquetaires a lancé "Bœufs de nos région", liant par charte, distributeurs et producteurs avec un objectif de 60 000 animaux sous contrat quand aujourd'hui, ce sont 25 000 animaux et 1000 producteurs avec 31 organisations professionnelles. Le régime alimentaire des animaux y est fondamental. Un savoir faire qui doit passer par le faire savoir note Stéphane Gouin, maître de conférence en marketing alimentaire à Agrocampus Rennes intervenant sur les enjeux de la nutrition animale en terme de mise sur le marché. "Nous sommes passés d'une logique de marché à une logique de clientèle avec une très forte segmentation". On ne consomme plus un yaourt, mais "un instant de fraîcheur, un produit de beauté de santé ou de bien être". Ce n'est plus le coût de la matière première qui est valorisé mais "le service apporté et la fonction". "Mangez de la viande, c'est bon pour la santé" a un bel avenir devant lui à condition d'y adjoindre un lien fort avec le terroir, un service et "un prix d'acceptabilité". Et là, le porte monnaie arbitre souvent en dernier recours.
Claire le Clève
*AFAB : créée en 1991, l'Association des fabricants d'aliments du bétail en Bretagne regroupent 20 entreprises adhérentes, secteur privé et coopératif confondus.