L’agriculture avenir de la Bretagne... Si les agriculteurs ont un avenir
L’agriculture est l’avenir de la Bretagne : ce slogan, du conseil régional de Bretagne, nous le faisons nôtre. A condition d’aller plus loin que le slogan. La métallurgie était l’avenir de la Lorraine quand les métallos faisaient rougir l'acier, le transformaient avec leurs mains, le visage noirci.
Le textile et la chaussure étaient - avec l’agriculture - l’avenir des usines à la campagne dans le choletais, quand plusieurs membres d'une famille y embauchaient tous les matins.
L’agriculture, en particulier l’élevage, est encore un poumon économique pour la Bretagne, parce que les éleveurs répondent présents et font preuve d’une capacité d’adaptation et de résistance exceptionnelle.
L’agriculture est encore en Bretagne parce que des chefs d’entreprise conquérants et attachés à leur territoire, des dirigeants coopératifs, ont osé innover, prospecter des marchés, au-delà des frontières hexagonales et européennes, et parce que le désenclavement de la région a été une stratégie prioritaire pour des élus et des responsables professionnels visionnaires. Mais pour combien de temps encore ? C’est la question que nous posent les agriculteurs, les salariés de nos exploitations, des entreprises agro-alimentaire, du bâtiment, des équipements, nos voisins, ...
Ne nous payons pas de mots.
La crainte du déclassement, de la relégation économique et sociale de notre secteur d’activité, de nos territoires ruraux devient obsédante. L’ambition du traité de Rome pour l’autonomie alimentaire en Europe donnait un sens aux efforts de formation, de modernisation, d’émancipation. L'espoir de rapprocher leur revenu de celui des autres catégories socio-professionnelles était un moteur puissant. C’est une position sur l’Europe à hauteur de cet enjeu que les agriculteurs attendent des politiques en campagne.
Le secteur agro-alimentaire, bien qu’innovant, connait lui aussi les conséquences des mains invisibles du marché. Pour rester dans la course, il innove, dans ses process et ses produits, il compresse ses charges à travers le prix payé à ses fournisseurs agriculteurs. La valeur ne se partage pas. Elle se dispute âprement, même au sein d’une coopérative, entre son secteur amont et son secteur aval.
Alors disputons la au moins à la loyale. Les consommateurs sont plus rassurés par une pédagogie et une communication sincère sur les modes de production dans les exploitations, que par les modes de transformation dans l’aval. Si c’est le producteur qui rassure le consommateur, la valeur ajoutée qui sort de nos exploitations a un prix. Soyons groupés, organisés et solidaires pour disputer à notre profit cette valeur ajoutée.
Sur la question territoriale, l’angoisse d’être relégués dans des territoires ruraux périphériques est criante. Les banlieues n’ont pas le monopole de ce statut de "France périphérique". Veillons à ce que les territoires ruraux ne soient pas les nouvelles cités dortoir sans maillage économique, social, culturel. L’agriculture sera l’avenir de la Bretagne si les filières de productions produisent de la richesse et des emplois dans les territoires, si les agriculteurs amplifient l’organisation de la production et si les politiques nationales et territoriales favorisent ce développement économique, et permettent aux entreprises de se développer.