Le bien manger : les plus précaires y ont droit aussi !

Stupeur ces jours derniers. Le cynisme et l’appât de l’argent facile ont ouvert la voie à une fraude sur des steaks hachés destinés à des consommateurs se fournissant auprès des associations caritatives.
Alors que d’un côté, des militants extrémistes manifestent pour du "sans sang" dans leur assiette, d’autres de nos concitoyens qui aspirent à manger un peu de protéines animales sont victimes d’une tromperie scandaleuse, malgré un appel d’offre orchestré par France Agrimer.
Les acteurs économiques, les associations, les élus, ont débattu toute la semaine dernière à Saint-Brieuc, sur les engagements de la Breizh COP. Il y a dans ces engagements qui visent à réussir les transitions énergétique, climatique, alimentaire, des orientations pour faire de la Bretagne, la région leader du bien manger en Europe. Mais nous avons aussi lu et entendu la nécessité de justice sociale pour réussir ces transitions, et notamment la nécessité d’accorder une attention particulière à ceux qui en sont ou seront les perdants.
Mettons ces débats et questionnements en perspective des États Généraux de l’Alimentation. Nous avions dénoncé dès le départ le risque d’assister à une belle vitrine de l’agriculture française pour un petit nombre qui a les moyens matériels et culturels, et le grand bazar mondial dérégulé pour les autres.
Bien sûr, nous assistons dans ce dossier à un fait délictueux, mais il doit malgré tout nous alerter, et surtout, il milite pour nos démarches autour du manger français. Interrogeons-nous sur le vrai prix des choses, en particulier sur le prix d’une alimentation de qualité accessible à tous. Ce doit être le sens d’une politique publique agricole et alimentaire.
Ce numéro de Terra traite de l’élevage et du changement climatique, donc de transition, et des conditions d’une transition réussie. Vu de Paris ou Bruxelles, notre élevage régional est dans le viseur sur ces questions. Regardons de près ces sujets, cherchons des solutions. Mais au nom d’une "Agri Breizh COP", revendiquons aussi la place d’un bon steak haché breton dans les assiettes des plus fragiles et démunis d’entre nous