Le marché du porc breton : optimisme en 2020, mais pas d'euphorie
L'année 2019 s'achève sur un prix du porc inédit depuis 1992, avec un pic à 1,70 euros le 12 décembre dernier. Les vœux du marché du porc breton ont été mesurés mais l'optimisme règne pour cette année 2020 avec un prix moyen prédit à la hausse.

Les traditionnels vœux du Marché du porc breton (MPB) à Plérin le 9 janvier dernier se sont déroulés dans le calme. Pas d'euphorie, ni de grand discours alors que l'année 2019 se solde par un prix de base record à 1,496 €. Le prix moyen au MPB en 2019 engrange une hausse de 30 centimes sur le prix 2018, une progression de 25 % ! "Un niveau de prix le plus haut jamais atteint depuis l’année 1992", rapporte le MPB dans son bilan annuel.
L'appel d'air venu de Chine, conséquence du désastre sanitaire causé par l'épidémie de peste porcine africaine qui s'abat depuis août 2018 sur le cheptel porcin chinois, a engendré des hausses continues depuis mars 2019. Au final, en Europe, le cours du porc a varié de 19 % à 27 % de hausse en 2019.
Au marché de Plérin, après un maximum à 1,702 euro enregistré le 12 décembre dernier, le cours se replie sur la fin d'année et le début 2020, après deux semaines de jours fériés et des retards d'enlèvement à rattraper (poids très élevés à 97,3 kilos). Ce jeudi 9 janvier, le prix enregistrait donc une baisse maximale de 5 ct à 1,565 €.
Il était grand temps que les lignes bougent.
Pas de prédictions hasardeuses
"Il était grand temps que les lignes bougent pour éviter un marasme sans nom et comme le veut la coutume, les hausses des cours dans le monde sont les conséquences des soucis sanitaires", note François Pot, président du marché du porc breton dans ses vœux. Des plus prudents, il réfrène toute euphorie. "Ne nous grisons pas, la situation reste très fragile et nul ne sait prédire la marche en avant de la maladie aux quatre coins de la planète". Toutefois parmi les acteurs de la filière porcine présents, la confiance semble unanime. Aux dires des pronostics des uns et des autres, l'année 2020 battrait un nouveau record de prix.
Préserver l'organisation collective
Dans la filière, tout un chacun sait que la situation ne restera pas figée, que la Chine touchée de plein fouet prépare l'après peste porcine avec aux commandes des grands groupes. "Nous assistons à une très profonde modification de la structure de la production porcine chinoise", assurait Philippe Gréau, consultant en Chine pour l’entreprise de biotechnologies Olmix lors du Space 2019 (source Agra).
Le président du MPB a engagé les éleveurs à être très professionnels pour gagner en compétitivité, et les politiques à actionner les leviers, "telles les différentes distorsions intra-européennes et non pas écouter les soi-disant "donneur d'alerte" du moment et, nous producteurs de nous protéger au mieux des méfaits de la FPA afin de préparer l'après".
De retour d'un voyage en Angleterre à l'automne dernier, le conseil d'administration du MPB regrette que leurs homologues anglais aient "laissé filer les affaires" avec une production divisée par deux et "délégué tout le commerce à leurs clients". L'occasion de pousser un cocorico tout en rappelant la nécessité de préserver l'organisation collective en place, fragilisée par le départ de Bigard en 2015 du Marché. "Ici nous avons le MPB à Plérin, Uniporc, les groupements, les organisations régionales qui permettent, chacun à sa place, le maintien d'une production organisée proche du terrain, perfectible certes [...]. Le marché tient son rôle : mise en vente des animaux, fixation du prix, équité entre éleveurs, opérateurs. [...]", rappelle François Pot.