Le P'tit gallo sur le chemin de l'autonomie énergétique
À Montreuil-le-Gast, la ferme du P'tit Gallo a fait son trou dans le paysage local. Après des débuts "un peu galère", quand il s'est lancé dans la transformation, Yves Simon est aujourd'hui à la tête d'une exploitation qui compte 11 salariés, transforme 400 000 l de lait et dont les yaourts se retrouvent dans plus de 120 magasins. Le 22 octobre il ouvrait ses portes dans le cadre des fermes ouvertes d'Agrobio 35. Focus sur une exploitation laitière diversifiée, sur le chemin de l'autonomie énergétique.

Séchoir en grange, micro méthanisation, panneaux photovoltaiques, autonomie et économie énergétique de l'atelier transformation... Sur l'exploitation d'Yves Simon, l'autonomie est le maître mot de son système. La richesse de l'agriculture bretonne réside dans la diversité de ses modèles. La crémerie fermière Le P'tit Gallo n'est pas déclinable sur l'ensemble du territoire mais c'est un exemple de cohérence, et qui porte ses fruits. L'histoire de l'exploitation débute en 1980 avec l'installation de Jean-Claude et Odile Simon, sur 20 ha. 20 ans plus tard, ils obtiennent la certification bio pour une production de 240 000 l de lait. Après un BTS en productions animales et une expérience en tant que commercial dans le para-agricole, Yves Simon décide de rejoindre la ferme familiale. Son installation, il va la faire dans le cadre d'une diversification. Ainsi, plutôt que d'agrandir la structure, il crée un atelier de transformation, "après avoir suivi une formation sur la transformation et la commercialisation de produits à la ferme".
De 30 000 l à 400 000 l de lait transformés
En 2005, 30 000 l sont transformés par an, soit 10 % de la production totale."La transformation, il faut du temps pour que ça tourne. J'ai eu trois ou quatre ans un peu galère et petit à petit l'activité s'est développée", confie encore Yves Simon. Au fil des ans, la gamme de produits s'étoffe et les circuits de distribution se diversifient. Parallèlement, ses parents partent à la retraite et l'agriculteur s'entoure de salariés pour continuer à assurer l'élevage, la transformation et la commercialisation. En 2016, 270 000 l de lait sont transformés, pour arriver aujourd'hui à 400 000 l transformés et avec 12 actifs sur la ferme (50 000 l sont vendus à Lactalis), pour 95 ha, avec 70 ha de prairies, dont 68 ha accessibles aux laitières. Côté assolement, 10 ha sont consacrés au maïs, pour servir de complément énergétique, 6 ha de mélange céréalier, 3,5 ha de blé, 2,5 ha de lentilles destinées à la consommation humaine, et 3 ha de sarrasin. "Pour la lentille, c'était la première fois et de façon expérimentale, mais comme je suis satisfait de la marge brute (2 370/ha), je pense en faire une dizaine d'hectares à l'avenir". Depuis 2012 un séchoir en grange a été installé, avec trois cellules de séchage et stockage de 6,50 m de haut. La capacité annuelle est de 200 tonnes, ce qui permet à l'exploitation d'être autonome en fourrages.
Autonomie énergétique
"L'idée, c'est de valoriser au maximum les sources d'énergie présentes pour couvrir les besoins de la ferme", témoigne encore Yves Simon. En 2018, 795 m2 de panneaux solaires ont été installés sur un nouveau bâtiment. La production annuelle est 132 288 kwh, dont 59 % sont auto consommés sur l'exploitation. Une volonté de la part de l'agriculteur, qui trouvait là plus de cohérence que de vendre toute sa production à Edf.
Une histoire de cohérence
Depuis juillet dernier, une nouvelle source de production a fait son arrivée sur l'exploitation, avec une unité de micro méthanisation, grâce à une couverture flottante installée sur la fosse à lisier (Nénufar). Cette couverture transforme toute fosse de stockage en unité de production d’énergies renouvelables au service de l’exploitation. Ses avantages ? "On réduit les nuisances olfactives et les émissions de gaz à effet de serre de la fosse. On obtient une meilleure conservation de l’azote et donc la préservation de la valeur fertilisante des lisiers. L'eau de pluie est évacuée et donc on réduit les frais d’épandage et on augmente la capacité de stockage réelle de la fosse", explique Aurore Troudic, de la société Nénufar. Ici, le seul substrat méthanisé est le lisier des vaches, qui arrive frais dans le digesteur et sa capacité est d'environ 1 000 m3 par an. Le méthane ainsi capturé est dirigé vers une chaudière, dont la puissance a été dimensionnée pour répondre aux besoins instantanés du bâtiment de transformation, et notamment pour les périodes de pasteurisation du lait. Le biogaz est produit en continu mais sa consommation étant irrégulière au cours d'une journée, un gazomètre permet de réguler le tout.
Invitation à la ferme
Yves Simon est aussi le co-fondateur du réseau Invitation à la ferme, qui regroupe aujourd'hui 34 fermes (vaches, brebis et chèvres). Achats, savoir-faire, compétences, marque sont ainsi mutualisés au sein d'une structure commune. "C'est aussi l'occasion de partager nos indicateurs économiques", précise Yves Simon. Et les résultats sont là. Ils promettent même à une exploitation qui rejoint le réseau d'économiser plus de 20 % sur ses achats et de doubler ses ventes en six mois. Concernant l'ultra frais, le lait, contrairement aux laits industriels, n'est ni standardisé ni homogénéisé, pour garder intactes toutes ses qualités nutritionnelles et ne pas être dénaturé. La pasteurisation se fait au bain-marie. Chaque ferme transforme donc son lait sur place en yaourts ou fromage pour le vendre en direct et en local, à moins de 80 km de l'exploitation.