RECHERCHE
Le puceron dévoile son génome
Des chercheurs rennais, biologistes de l'Inra et informaticiens de l'Inria(1), s'allient pour décrire le génome du puceron et y trouver des moyens de combattre le ravageur des cultures.

Pour mieux combattre ton ennemi, apprends à le connaître. Les chercheurs de l'Inra s'y attèlent en décryptant le génome des insectes ravageurs des cultures. A Rennes, deux équipes, l'une de l'Inra, l'autre de l'Inria, se sont attelées au génome des pucerons, groupe de ravageurs le plus important au niveau mondial. "Décrire le génome est l'une des façons de comprendre la biologie d'un organisme, explique Denis Tagu, chercheur en "biologie des organismes et des populations appliquée à la protection des plantes". Le puceron a deux particularités : il vit en symbiose avec une bactérie et a deux modes de reproduction, clonale ou sexuée, selon la température. En connaissant les gènes qui agissent sur ces mécanismes, on pourra les perturber, ce qui réduirait la propagation des pucerons. Il faut connaître chaque point clé de la biologie, les gènes qui agissent, pour trouver les parades".
Théorie qui fonctionne aussi pour les ravageurs, coléoptères et autres chenilles, dont d'autres chercheurs dans le monde dissèquent le génome. D'autres insectes, ceux-là pour leur intérêt, comme l'abeille ou le ver à soie, sont aussi étudiés.
Gérer et valoriser des milliards de données
La description d'un génome génère des quantités gigantesques d'informations. Il a donc fallu trouver des solutions informatiques adaptées à la biologie, d'où une coopération innovante entre l'Inra et l'Inria. "Il faut analyser à grande échelle ces informations et les rendre lisibles, explique Jacques Nicolas, directeur de recherches à l'Inria. Ce qui permet de les mettre à disposition de tous". Car, c'est une spécificité de la génomique, les chercheurs donnent un libre accès à tous les génomes décryptés.
Les 16 et 17 novembre, se réuniront à Rennes une cinquantaine de chercheurs pour réfléchir aux systèmes d'information qui pourront gérer ces quantités de données sur les insectes ravageurs et en permettre l'accès à toute la communauté scientifique. "Nous devons structurer collectivement la gestion de ces données pour que tous puissent travailler et que l'on puisse comparer différents génomes pour avancer plus vite", souligne Denis Tagu. De ce travail en réseau dépend la rapidité à laquelle la génomique permettra de déboucher sur des applications concrètes.
(1) Institut national de la recherche en informatique et automatisation.