Suivant le mode de destruction des couverts végétaux
Le rendement maïs varie du simple au triple
Le mode de destruction mécanique des couverts végétaux influence significativement la culture suivante. S'il est précoce, associant cover-crop et labour, le rendement du maïs est multiplié par trois avec, à la clé, un gain de production par tonne de MS conséquent. Des essais inédits de la Cécab, menés à Gourin (56), l'ont chiffré en 2010.

"Nos adhérents avaient besoin d'éclairages techniques et économiques face à la nouvelle donne réglementaire de 2009 en matière de couverture hivernale des sols et de destruction mécanique. Alors, nous avons mis en place ces essais", note Jean-Luc Demars, responsable du service agronomique de la coopérative Cécab associée récemment à celle de Broons.
Si l'objectif de ces tests, totalement inédits, était de quantifier la facilité de destruction mécanique et d'évaluer ses performances techniques, "ils devaient aussi nous renseigner sur les conséquences économiques". C'est donc chose faite désormais avec des résultats très marqués.
L'effet mode de destruction
Moins onéreuse des quatre modalités, la destruction au cover-crop seul est aussi la moins gourmande en investissement (voir tableau). Mais revers de la médaille, "les rendements en maïs y sont aussi les plus faibles (4,2 t)", note le responsable de ces essais, Erwann Le Bourhis. L'emploi du rotavator, entraîne un investissement intermédiaire. Il est plus efficace techniquement que le cover-crop seul, mais la destruction de la majeure partie du couvert s'avère insuffisante sans accompagnement de glyphosate. Quant au labour seul, "on lisse beaucoup plus l'effet variétal du couvert avec ce protocole de destruction", relève Erwan Le Bourhis. Les performances techniques et économiques se révèlent bonnes mais encore améliorées par une destruction précoce au cover-crop. "On gagne 1,3 tonne et le coût de production chute de 11 euros en associant ces deux techniques. Ce n'est pas négligeable", estime l'agronome. A noter qu'entre le cover-crop seul ou associé au labour, c'est un différentiel de 290 euros de coût de production en faveur de la technique combinatoire.
Alors, quel que soit le mode choisi, détruire de manière précoce les couverts végétaux, dès que la réglementation le permet et que les sols deviennent portants, optimise les performances. Et si les techniques avec labour semblent plus efficaces et rentables, Erwann Le Bourhis apporte cependant un bémol, rappelant que les conditions climatiques sèches ont accentué les écarts observés. Pour compléter ces données, une modalité incluant la destruction avec glyphosate, sera étudiée, et l'effet variétal précisé, dès le printemps prochain.
L'effet couverts
"Suivant les couverts employés, on observe de grosses disparités entre les deux modalités", poursuit-il. Ainsi, après moutarde, le coût de production est des 388 euros la tonne contre seulement 162 euros après couvert élaboré (mélange d'avoine, vesse, phacélie et radis asiatique) qui, eux, ne pourront être utilisés que pour la fauche ou le pâturage. Un effet variétal marqué que la Cécab a décidé de préciser, dès ce printemps, avec de nouveaux essais à la clé.
60 parcelles d'essais
Les essais ont été menés à Gourin avec semis, dès la mi-aout, après colza. En bandes verticales, 14 variétés ont été implantées. Dès le 1er février, et perpendiculairement, la destruction a été menée suivant 4 modes : rotavator, cover-crop, labour seul, cover-crop associé au labour. Les 60 parcelles résultant de ce protocole ont ensuite été emblavées, début mai, avec un maïs Falkone (Indice 245 mixte) puis notées suivant la vigueur de départ du maïs, le salissement de la parcelle, la hauteur du maïs et le rendement en MS/ha.
L'investissement a été calculé pour chaque parcelle intégrant les coûts de production complets (y compris intrants, mécanisation avec carburant, temps passé, coût de la main d'oeuvre, rémunération des charges diverses et des capitaux propres, y compris fermage...).
Des sols couverts en hiver
Depuis l'été 2009, la nouvelle directive nitrate impose la couverture hivernale des sols du 10 septembre au 1er février. Une mesure qui se double de l'obligation de détruire les couverts végétaux de manière mécanique. Interdite, la possibilité de la destruction chimique n'est réservée qu'aux parcelles recevant des cultures légumières ou bénéficiant de méthodes de travail simplifié du sol. "Dans ces deux cas, la destruction chimique reste interdite sur les parcelles dites à risque et situées à moins de 10 m minimum des cours d'eau, et à moins de 1 m des fossés".