"Le travail collectif a permis cette avancée sur la revalorisation des retraites agricoles"
André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, président du groupe Gauche Démocrate et Républicaine à l'Assemblée nationale.

Le 18 juin 2020, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité la proposition de loi en faveur de la revalorisation des retraies agricoles
A.C. Cela fait plus de trois ans que nous travaillons sur la revalorisation des retraites agricoles. La proposition a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 2 février 2017 ! Mais cet espoir d’une reconnaissance de la Nation envers tous les retraités agricoles, avec le passage d’un minimum de pension de 75 % à 85 % du Smic pour une carrière complète, a été stoppé au Sénat en 2018. Le gouvernement avait en effet, recouru au vote bloqué prétextant vouloir attendre sa réforme des retraites et vérifier la compatibilité avec son futur texte. De quoi repousser la revalorisation de deux ans…et faire des économies d’ici là. Par ailleurs, ce projet ne concernait que les futurs retraités et ne prenait pas en compte ceux dont les droits auront été liquidés avant sa mise en œuvre. Ce qui renforçait une véritable injustice envers nos retraités agricoles. Le 18 juin dernier, j’ai remis à l’ordre du jour la proposition de loi et engagé à nouveau les discussions.
L’Élysée vous a-t-il entendus ?
A.C. Emmanuel Macron avait pour ambition de traiter le sujet avec la question des retraites des indépendants. Je pense que nous l’avons convaincu de faire autrement ! Je dis "nous" car c’est un travail collectif que nous avons mené sur ce dossier ; une convergence d’actions avec les organisations syndicales agricoles, la FNSEA, les anciens exploitants, les associations…. Une revendication qui a été autant travaillée devient une force irrésistible ! C’est d’ailleurs ce qui a permis son adoption le 18 juin. Ce vote concrétise une première avancée attendue depuis des décennies par les retraités agricoles et leurs représentants associatifs et syndicaux. Le minimum de pension pour une carrière complète de chef d’exploitation passera ainsi à 85 % du Smic, avec une revalorisation moyenne de 120 € mensuels au 1er janvier 2022 pour près de 200 000 retraités actuels mais aussi pour les futurs retraités.
2022, c’est une date qui fait partie des amendements apportés au texte ?
A.C. En effet, nous regrettons vivement l’amendement de la majorité qui repousse au 1er janvier 2022 l’entrée en vigueur de la loi (au lieu du 1er janvier 2021 ndlr) sous prétexte que la MSA ne serait pas prête sur un plan technique, or c’est faux ; la MSA affirme pouvoir agir dès 2021. L’autre amendement porte sur l’écrêtement qui réduit le nombre de bénéficiaires en introduisant une prise en compte de l’ensemble des pensions perçues. Avec cet amendement, on est passé de 290 000 bénéficiaires à 196 000 ; les poly-pensionnés étant exclus du système. De quoi arranger le gouvernement puisque le coût initial annuel de 417 M€ s’est réduit à 250 M€ …