Les bonnets rouges maintiennent la pression
Foule, le mot est revenu souvent dans les allées du site des Vieilles Charrues à Carhaix en ce dernier samedi de novembre. 17 000 personnes selon la préfecture, 40 000 selon les organisateurs, les estimations plus ou moins serrées du comptage n'y changeront rien, la réussite du deuxième rassemblement des bonnets rouges en un mois, après celui de Quimper, a rappelé une exigence première : la suppression de l'écotaxe, préalable à toute concertation sur le pacte d'avenir.

Représentants d'organisations professionnelles, agriculteurs–venus en tracteur pour certains-, transporteurs, salariés, patrons, mais aussi militants et sympathisants régionalistes bretons, la très large plate forme du collectif des bonnets rouges a le mérite de la constance dans sa volonté de faire plier l'Etat dans son intention de prélever l'écotaxe. Les participants à ce rasssemblement de Carhaix l'ont fait dans une ambiance festive et joyeuse qui ne doit pas faire illusion : "Nos hommes politiques n'ont pas compris qu'ici plus qu'ailleurs on veut décider, et travailler au pays", a ainsi martelé Thierry Merret, co-porte parole du collectif. "Nous avons des propositions à faire, nous sommes ouverts au dialogue, mais il y a un préalable qui est la gratuité des routes avec la suppression de l'écotaxe". Et celui qui est aussi président de la FDSEA 29 de pousser l'argumentaire un peu plus loin en fustigeant le pacte d'avenir : "ce n'est que du recyclage de mesures déjà annoncées. Nous voulons que le collectif soit écouté. Nous allons faire des propositions concrètes qui viennent du terrain et non le contraire. On demande une relocalisation des décisions, le Pacte d'avenir ne doit pas se décider à Paris, ni à Rennes".
Le rendez-vous de François Hollande
Au fil des prises de paroles, Angelica Mayet et Corinne Nicol, deux salariées de l'abattoir de volaille Tilly Sabco de Guerlesquin, viennent rappeler la situation qu'elles vivent dans leur entreprise : " Aujourd'hui, des usines ferment, ce n'est pas au salarié de payer. Au-delà de la suppression de l'élevage hors-sol prôné par certains, il y a la réalité de milliers de personnes travaillant dans la filière, aux emplois menacés à prendre en compte". Engagé depuis le début dans les actions de refus de l'écotaxe, un transporteur Claude Rault, livre sa vision de l'écotaxe : "Ne soyons pas dupe. Aujourd'hui les camions, demain les utilitaires et après demain les automobiles. Nous voulons une Europe équitable. Nous voulons le pouvoir de décider de notre économie pour notre région". Sur ses terres, Christian Troadec, maire de Carhaix et co-porte parole du collectif des bonnets rouges faisait le constat que "François Hollande n’a pas dit un mot sur ce qui se passe en Bretagne. Les autres Présidents français ont répondu aux attentes des Bretons ! François Hollande doit faire attention avec son rendez-vous avec l’Histoire. Bonnets rouges".
Hélène Bonneau