Les maïs couchés compliquent la récolte
Pour la troisième année consécutive, de nombreuses parcelles de maïs ont été couchées par de forts coups de vent, quelques jours avant récolte. Une situation qui complique le travail des ensileuses et qui pourrait être évitée ? Le point avec Kevin Quivouron, co-gérant
de l’ETA de l’Elorn, à Dirinon (29).

"Ca fait 17 ans que j’ensile… C’était l’année la pire". Sa machine entièrement démontée dans l’atelier pour la révision annuelle, Kevin Quivouron, co-gérant de l’ETA de l’Elorn, à Dirinon (29), revient sur une saison 2020 qui restera dans les mémoires. "Même si, bien souvent, on ne s’en rendait pas compte du bord du champ, le maïs était couché". Avec, à la clé, des chantiers qui s’éternisent. "Au lieu de 2,5 ha/h, notre ensileuse 8 rangs est bien souvent tombée à un ha seulement". De la casse sur les machines. "Elles ne sont pas prévues pour "avaler" de la terre. Les pièces d’usure sont très sollicitées et on arrive vite à des factures à 12 voire 20 000 €". Sans compter la fatigue et le danger pour les chauffeurs. "Tout au long de la journée, on n’arrête pas de descendre de la machine pour replacer le maïs sur le bec". Et un surcoût, "jamais entièrement facturé aux clients".
Bien choisir sa variété
Voilà trois saisons déjà que Kevin Quivouron est confronté à ces maïs couchés. "Et on est sans doute partis pour quelques années encore, le temps que la sélection génétique trouve des réponses". Car si les raisons sont certainement multi-factorielles, type de sol, précédent cultural, amendement, exposition de la parcelle…, certaines variétés sont plus sensibles que d’autres à la verse.
"Ces dernières années, les éleveurs ont privilégié la digestibilité". Et avec moins de lignine, les tiges se tiennent moins bien. Le pire ? "Un coup de vent pendant la moisson ! La tige est encore fragile, l’épi est déjà lourd…". Son conseil ? "Procéder à ses propres essais, en testant plusieurs variétés. Et en n’oubliant pas de noter celles qui sont les plus résistantes".
Faire attention au semis
Les conditions de semis peuvent, elles aussi, expliquer une partie de la verse. "Attention aux pièces d’usure, prévient Kevin Quivouron. Avec un soc semeur bien aiguisé, la graine va rester coincée dans le sillon. Avec un soc usé, le sillon va former une sorte de gouttière, où la graine va rouler". Le semis sera plus irrégulier, tout comme la distance entre plants de maïs. "Et les plants les plus fins ne résisteront pas au vent".
De même, il faut prêter attention à la densité. "Il faut viser 95 000 pieds/ha, pas plus. Avec un semis moins serré, les plants seront plus gros et se tiendront mieux, pour un rendement équivalent".
Des parcelles trop humides
Après 500 ha de maïs ensilage, l’ETA a embrayé sur 650 ha de maïs grain. Et là aussi, les chantiers se sont avérés compliqués. Car au maïs couché s’est rajoutée de l’humidité dans les parcelles. "L’élevage bovin diminue. Et des parcelles qui, hier, restaient en herbe sont aujourd’hui cultivées". Trop humides au moment du semis de céréales, elles ont été implantées en maïs. Et la récolte a été d’autant plus difficile que certains choisissent des indices élevés, retardant encore les chantiers.