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Les organisations agricoles vent debout contre un accord UE-Mercosur

Les négociateurs de la Commission de Bruxelles vont entamer une nouvelle session de pourparlers avec leurs partenaires du Mercosur. Qu'en est-il de la viande bovine ? "Nous devons trouver avec nos partenaires une solution durable" pour l’UE, assurent-ils. Les organisations agricoles, elles, invoquent le risque lié à la situation sanitaire du secteur de la viande au Brésil et demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire.

Les partenaires du Mercosur se disent "prêts à échanger des offres révisées" d’accès au marché. Mais les organisations agricoles de l’UE dénoncent l’intention prêtée à Bruxelles d’offrir au Mercosur un contingent tarifaire d’importation de viande bovine de 100 000 t, plus que les 70 000 t déjà envisagées. Dans une lettre adressée le 22 novembre au président de la commission de l’agriculture du Parlement européen, elles demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation au Brésil. Cette demande est confortée par la décision de la Russie de suspendre à partir du 1er décembre les importations de bœuf et de porc brésilien après la découverte dans cette viande de plusieurs substances interdites (ractopamine et autres hormones de croissance).

Le Brésil en question

Selon les professionnels du secteur, un accord UE-Mercosur donnerait le coup de grâce à une filière viande bovine française déjà bien fragile. "20 000 à 30 000 emplois d’éleveurs pourraient disparaître sous le seul poids des importations cumulées des viandes canadiennes et sud-américaines", observait la fédération nationale bovine (FNB) annonçant une mobilisation sur le sujet suivie par une action de la FNSEA, début décembre.

Pour Baptiste Buczinski, chef de projet à l’Institut de l’élevage (Idele), "les exportations des pays du Mercosur seront les mêmes que celles du Canada, soit des morceaux destinés à des marchés haut de gamme (entrecôte, aloyau, filet, etc.), mais à des prix bien inférieurs aux nôtres", et avec des conditions de production différentes. De fait, ces importations feraient baisser les prix du marché. "Difficile de rivaliser en termes de coût de production avec les élevages du Mercosur, même dans le cas de filière sans hormone de croissance", note une analyse de l’Idele. D’après les professionnels, il reste très difficile de vérifier la traçabilité dans cette filière bovine du Mercosur. D’où la demande de la FNB d’impulser "la création d’une commission d’enquête sur les conditions de certification sanitaire des viandes brésiliennes".

Le secteur agricole européen perdant

"Globalement, le secteur agricole serait perdant", observait Baptiste Buczinski au sujet des négociations entre l’Europe et le Mercosur. La Commission européenne a privilégié l’automobile, la reconnaissance de brevets pharmaceutiques, l’accès au marché public, etc.

Une position difficile à entendre alors qu'une des conclusions des États généraux de l'alimentation est "de garantir la souveraineté alimentaire" de la France, faisait observer Dominique Langlois, président d'Interbev qui demande une position forte d’Emmanuel Macron à Bruxelles sur ces questions. "La profession est vent debout contre cet accord. Il s’agit de retirer la viande bovine des négociations et de demander la révision du mandat de négociation qui date de plus de 15 ans", s’insurgeait-il.

FRSEA et JA alertent le préfet de région

Entre Ceta et Mercosur, ce seraient un total de près de 200 000 t de viandes bovines canadiennes et sud-américaines produites dans des conditions ne respectant pas les standards européens (feedlots, activateurs de croissance, antibiotiques) qui arriveraient sur un marché européen déjà aujourd’hui auto-suffisant. Les FDSEA et JA de Bretagne ont donc demandé une audience auprès du préfet de région pour lui exposer leurs griefs et dénoncer l'incohérence de ces importations alors que la demande formulée dans le cadre des États généraux de l'alimentation est de faire monter en gamme les productions européennes. Prochaine étape pour les syndicalistes : sensibiliser les parlementaires afin qu’ils appuient la demande d'une commission d’enquête et diligentent une étude d’impact avant de ratifier quelqu’accord que ce soit.

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