Les producteurs de porcs réclament des aides Covid
Pris en tenaille entre une hausse de leurs coûts de production et une baisse du prix de vente de leurs porcs, les producteurs sont inquiets. À l’appel de la FDSEA et des JA, le 18 janvier dernier, plus de 200 d’entre eux se sont d’abord réunis à Pleyben avant d’aller demander un soutien de l’État à Philippe Mahé, préfet du Finistère.

"On vit des moments compliqués", affirme Thierry Marchal, secrétaire général de la FDSEA du Finistère, devant plus de 200 producteurs de porcs, venus du Finistère mais aussi des Côtes d’Armor et du Morbihan. "Et on n’en voit pas l’issue". 200 autres producteurs de porcs s'étaient également réunis la semaine passée à Plérin pour demander eux aussi des actions concrètes et rapides face à une situation désastreuse en porc sous la houlette des JA et de la FDSEA des Côtes d'Armor.
Covid et FPA
"Aujourd’hui, quatre éléments impactent le cours du porc", explique Pascal Le Duot, directeur du MPB, le marché du porc breton. À commencer par les importations chinoises, en forte hausse ces dernières années, qui ont fait le cours mondial du porc. Et de citer des chiffres qui donnent le vertige : si, en 2000, les Chinois achetaient 30 000 tonnes, ils sont passés à 300 000 tonnes dix ans plus tard, ont franchi le cap du million de tonnes en 2011 pour avoisiner les 5,5 millions de tonnes en 2020. "Et quand ils achètent, ils divisent". Ainsi, la guerre économique qui les a opposés aux USA ont provoqué une chute des cours en 2019-2020, conduisant de nombreux producteurs américains à la faillite.
"La FPA, la fièvre porcine africaine, a induit une mutation forcée de la production chinoise", rajoute Pascal Le Duot. Les abattages massifs ont provoqué une hausse des cours, jusqu’à 6 €/kg, aiguisant l'appétit de certains. Et des projet pharaoniques sont sortis de terre, comme ce complexe comptant 80 000 truies, au détriment des élevages familiaux. S’en est suivie une spéculation sur les matières premières, céréales ou protéines végétales. "En septembre 2020, c’est aussi la FPA qui a bloqué les exportations allemandes, dont la production s’est retrouvée sur le marché européen, provoquant une chute du prix au cadran à 1,25 €/kg".
Et dès fin 2019, le Covid est venu brouiller encore un peu plus les cartes. "En Chine, les ports puis les abattoirs ont été à l’arrêt un temps. Puis ce fut au tour de Tonnies, l’abatteur allemand, pendant 6 semaines, faisant dévisser le prix".
Nos difficultés sont une conséquence de la pandémie.
Une dégradation rapide
"Un élevage naisseur-engraisseur de 250 truies perd 100 000 € tous les six mois", calcule Yvon Tanné, directeur crédits et risques au Crédit agricole du Finistère. Une situation qui ne devrait pas s’arranger de sitôt, les prix du blé et du soja devant rester hauts si l’on en croit les marchés à terme. De bonnes années avaient permis de ramener le taux d’endettement de 76 % en 2017 à 63 % en 2021. "Mais les situations se dégradent très vite. Et dans le Finistère, on estime qu’en juin 2022, 15 % des producteurs de porcs auront un taux d’utilisation de leur trésorerie compris entre 90 et 110 %, et que 20 % dépasseront 110 %".
Pour aider les producteurs à passer ce cap difficile, la banque leur propose plusieurs pistes. "Il faut commencer par ajuster les lignes de trésorerie aux moyens de production, conseille Yvon Tanné. Puis procéder à une reprise des autofinancements, notamment biosécurité, et mettre en place un PGE, prêt garanti par l’État, avant de demander une pause dans le remboursement des prêts et de rapatrier l’épargne".

Des aides de l'État
Si les producteurs ont profité de la présence de leurs responsables, groupements, FDSEA, JA ou FNP, pour les interroger sur l’arrêt de la castration ou Egalim 2, les discussions ont surtout porté sur les solutions à mettre en place pour passer cette crise. "Il faut que nous commencions par débloquer massivement les PGE, ce qui sera un indicateur du niveau de nos difficultés, martèle Thierry Marchal. Et il faut que le quoi qu’il en coûte, décidé par le gouvernement au plus fort de la crise Covid, s’applique aussi à la production porcine puisque nos difficultés sont une conséquence de la pandémie". C’est donc avec un objectif clair, "aller chercher un accompagnement de l’État pour être encore présent au moment de la reprise", que les producteurs se sont ensuite rendus à Quimper, pour y rencontrer Philippe Mahé, préfet du Finistère, et lui faire part de leurs revendications.