Les producteurs en guerre contre la grande distribution
Lait, porcs, volailles, légumes, toutes les productions voient leurs marges accaparées par la grande distribution. Pour marquer leur ras le bol et exiger leur dû, les producteurs bloquent des centrales d'achat.






Vendredi 6 juin, plus de 200 producteurs laitiers se sont réunis, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs, pour discuter de l'accord sur le prix du lait, conclu le 3 juin. Un accord qui ne satisfait pas les producteurs. Dans une atmosphère tendue, les responsables de la section laitière en ont rappelé la nécessité pour sortir de la crise et rétablir un dialogue dans l'interprofession. Aux bas prix du lait, s'ajoute la colère pour les producteurs d'un plan d'aides annoncé par le ministre de l'agriculture et son enveloppe de 30 millions, qu'ils jugent dérisoire. Pour manifester leur colère, les producteurs se sont rendus à la préfecture où ils ont allumé un feu de palettes.
A ce mouvement de colère se sont jointes toutes les productions, bien décidées à en finir avec les marges abusives de la grande distribution. "Nous voulons faire appliquer l'observatoire de prix, exigent les agriculteurs. Que la DGCCRF fasse son boulot et contrôle vraiment la répartition des marges. Pourquoi devrions nous travailler à perte alors que d'autres s'en mettent plein les poches. Les pouvoirs publics doivent arrêter la connivence avec la grande distribution et jouer leur rôle de gendarme pour qu'on retrouve des pratiques commerciales loyales". Anticipant le mot d'ordre national, les Jeunes agriculteurs et la FDSEA ont bloqué, dès dimanche 7 juin, trois plateformes de centrales d'achat à Gaël, Bain de Bretagne et le Grand Fougeray. Cette dernière a été libérée rapidement, le groupe Intermarché ayant signé un engagement à plus de transparence sur les marges.
Dans la nuit de lundi à mardi, la tension est montée d'un cran. Bien décidés à tout bloquer, les agriculteurs ont moissonné les chariots de plusieurs grandes surfaces pour bloquer complètement les accès à la plateforme Carrefour de Bain. Quitte à déclencher la colère des entreprises alentours. "On en a râle le bol que la grande distribution se fasse du fric sur notre dos. On ne partira pas tant que la répartition des marges ne sera pas plus équitable, que l'observatoire des prix ne sera pas plus efficace", exigent les agriculteurs. La mobilisation n'est pas près de faiblir, car le mouvement gagne les autres départements.